À partir d’une lecture croisée des articles rassemblés dans ce dossier, cette introduction interroge l’existence d’un « tournant participatif mondial » en analysant les dynamiques transnationales de circulation verticale (de l’international vers le national ou le local) et horizontale (territoires entre eux, acteurs appartenant aux mêmes espaces institutionnels et sociaux) de l’ingénierie participative. En situant l’analyse de ces dynamiques circulatoires au croisement des travaux de sociologie et d’anthropologie (circulation des formes démocratiques et sociologie fine des acteurs de la circulation), de sociologie des sciences (circulation des innovations) ainsi que ceux de science politique (transnationalisation des politiques publiques), cet article invite d’une part à relativiser la dimension coercitive exercée par les organisations internationales développée par les approches critiques de la « tyrannie » de la participation. D’autre part, à rebours d’une vision trop déterministe qui fait de l’appropriation du discours et des pratiques participatives par les acteurs locaux le signe mécanique de leur adhésion à la rhétorique participative, l’article met en exergue la pluralité des investissements, plus ou moins intéressés, dans la participation. Enfin, la valorisation systématique de « bonnes pratiques » et d’expériences modèles dans les processus circulatoires étudiés conduit à mettre l’accent sur le rôle des réseaux professionnels et les usages stratégiques de l’international dans le cadre de la compétition entre les territoires.
This article examines the relationship between local participatory policies and their market in France. The study stems from long‐term field research drawing on a variety of materials: qualitative interviews with citizen participation professionals (consultants or civil servants), questionnaires, and an analysis of public procurement. This study depicts the way both the industry and the policies of citizen participation are structured in France. It also explores how French participatory policies are coproduced through mechanisms of competition–collusion between clients (mainly local public authorities) and providers (consultants). Finally, the study questions the effects of this market on local policies, showing that the market cannot be interpreted as an unequivocal sign of a decline in actors along with political stakes in public policies.
Toutes les politiques l’affirment désormais : la transition écologique ne se fera pas sans les citoyen·nes. Mais cette institutionnalisation de la participation citoyenne dans l’action publique environnementale s’opère en trompe-l’œil : elle vise moins à renforcer la démocratie environnementale qu’à gouverner la transition écologique par la responsabilisation et la mobilisation d’écocitoyen·nes. La participation citoyenne suit une trajectoire de dépolitisation, elle se diffuse avant tout comme instrument de l’État mobilisateur. Elle change alors de logique : il ne s’agit plus de participer à la discussion sur les principes d’actions, mais de participer à l’exécution de l’action publique.
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