Cet article a pour but d’introduire une réflexion généalogique sur la catégorie de féminicide en France, à partir d’une perspective historique et politique. Si la conceptualisation du féminicide dans une perspective féministe est récente (voir en particulier Jill Radford et Diana E. H. Russell, Femicide : the politics of woman killing , 1992), les archives de presse du XIX e siècle montrent qu’il y a déjà eu des tentatives pour nommer le problème. Cependant, il n’était perçu que par le prisme conjugal – le meurtre de l’épouse plutôt que le meurtre d’une femme – et sans tenir compte du poids du genre dans l’existence même du problème, souvent qualifié de drame familial ou de crime passionnel. Cet article vise à montrer, d’une part, que le féminicide est difficilement nommé et identifié à partir des catégories de sexe et, d’autre part, que l’absence de témoignages causée par la mort des victimes rend difficile la prise en compte de l’expérience des femmes, participant d’une théorisation tardive du concept de féminicide.