Le Tribunal international des crimes contre les femmes (Bruxelles, 4-8 mars 1976) est généralement considéré comme l’acte de naissance collectif du concept de féminicide . Cet événement féministe international a pour objectif de faire état des nombreux « crimes », entendus comme des violences structurelles, subis par les femmes dans le monde. L’un d’eux est le féminicide ( femicide ), introduit par le comité américain dont fait partie Diana E. H. Russell, éditrice en 1992 avec Jill Radford de l’ouvrage fondateur de la notion, Femicide: the Politics of Woman Killing . Mais bien qu’ a priori central dans l’histoire de l’idée de féminicide , le rôle du Tribunal reste peu interrogé par la littérature scientifique. À partir d’archives encore inédites provenant de fonds de militantes qui y ont participé – dont des militantes françaises de différentes tendances du Mouvement de Libération des Femmes – cet article souhaite interroger la place du féminicide dans l’économie générale des débats du Tribunal. La théorisation qui en émerge est-elle collective, individuelle, restreinte au comité américain ? Comment expliquer qu’elle ne soit pas reprise par les militantes du MLF, qui ont pourtant participé au Tribunal ?