La psychanalyse : une pensée magique ?

Abstract

La pensée magique et l'incidence de la magie sur la pensée ont souvent mobilisé l'attention de la théorie analytique. Différentes descriptions, par Freud, Lacan ou d'autres, se sont attachées à cerner cette notion dans un dialogue constant avec les traditions anthropologiques. Ainsi, bien avant les détractions actuelles où la comparaison, accusatrice, ne vise que de médiocres et médiatiques battages, dont l'inculture le dispute au ressentiment, l'association de la psychanalyse à la pensée magique a souvent été réalisée par des anthropologues, tout autant que par des psychanalystes. Toutefois, plutôt que d'être employé comme une arme contre la psychanalyse, ce parallèle entre un phénomène qu'elle éclairait, et son mode même d'opérativité, visait à souligner l'efficace particulière que l'analyse et la pensée magique peuvent avoir en commun. Accuser donc la psychanalyse d'être une modalité de pensée magique ne dispense pas de réfléchir sur le fonctionnement de la pensée magique, et ses modes opératoires. Ne manquent pas alors d'apparaître de singulières similitudes, dont l'examen renseigne autant sur le mouvement de la pensée que sur l'organisation de la psyché. Que signifie cette accusation de pensée magique, qui, sensiblement, ne semble infamante que pour ceux qui la portent ? En quels sens la psychanalyse serait-elle une pensée magique et quelles conséquences cela entraînerait-il sur la pertinence ou la méprise de sa pratique et de sa théorie ? Comment, enfin, si se révèlent des similitudes entre les modalités structurales des opérativités de l'analyse et de la pensée magique, garder une spécificité de la psychanalyse ? Pensée magique et toute-puissance Au sein des deux conceptions principales freudiennes, c'est, d'abord, par le fantasme d'une toutepuissance de la pensée liée à la régression que la magie est appréhendée. « Possibilités d'association »,

Promoting organ donation through the ‘intensity of discussions’ with next of kin: role of superstition, taboo of death and personality variables

“…one rooted in early childhood): the delusion of omnipotence (Freud, 1980 [1904]). The latter gives birth to a form of regressive narcissistic thinking known as magical thinking (Ayouch, 2012; Freud, 1965 [1913]). Zusne and Jones (1989) define magical thinking as the belief that thoughts, words or actions can have specific physical effects (in a way not governed by an ordinary mode of transmission).…”

“…However, language will be the primary form for many people. Structural anthropology (Lévi-Strauss, 1974; Mauss, 1950) as well as psychoanalysis (Ayouch, 2012; Freud, 1953; Lacan, 1966) demonstrate how language is the first act to emanate from magical thinking because speech, through the phenomenon of symbolization, allows for bringing potentially distressing ideas to the conscious mind. Speech reduces the symptoms caused by anguish, which is why in current psychoanalytical practices, the act of speaking has become the main tool in therapy.…”

“…Speech reduces the symptoms caused by anguish, which is why in current psychoanalytical practices, the act of speaking has become the main tool in therapy. Speech becomes a magical act that can free people from their anguish about death, which is a somewhat counterphobic act (Ayouch, 2012).…”

Favoriser le don d’organes grâce à « l’intensité de la discussion » avec les proches : rôle de la superstition, du tabou de la mort et de variables de personnalité

“…qui trouve racine dans la petite enfance) : le fantasme de toute puissance (Freud, 1904). Ce dernier est à l’origine d’une pensée narcissique régressive que l’on appelle la pensée magique (Ayouch, 2012 ; Freud, 1913). Zusne et Jones (1989) définissent la pensée magique comme une croyance selon laquelle les pensées, les paroles ou les actes peuvent avoir des effets physiques précis (d’une manière non régie par un mode de transmission ordinaire).…”

“…Toutefois, le langage sera la forme privilégiée par un grand nombre de personnes. L’anthropologie structurale (Lévi-Strauss, 1974 ; Mauss, 1950) comme la psychanalyse (Ayouch, 2012 ; Freud, 1953 ; Lacan, 1966) montrent comment le langage est le premier acte émanant de la pensée magique dans la mesure où la parole, par un phénomène de symbolisation, permet d’amener vers le conscient des contenus pouvant être angoissants. La parole réduit les symptômes dus à l’angoisse et c’est ainsi que pour le courant psychanalytique, l’acte de parler est devenu l’outil principal de la thérapie.…”