La capacité d’un entrepreneur à développer un modèle d’affaire pertinent est le plus souvent identifiée au prisme de valeurs individuelles (dynamisme, volontarisme, leadership, …). C’est oublier qu’elle puise aussi dans la variété des ressources et compétences d’un écosystème local, source de relations complexes avec des acteurs situés dans l’environnement immédiat de l’entrepreneur, et ce, avec des bénéfices mutuellement profitables (entrepreneur, acteurs publics et privés, territoire). À partir de trois exemples, cet article développe l’idée que l’existence ou la constitution d’un écosystème entrepreneurial local est la clef du succès d’un projet entrepreneurial individuel. Pour l’entrepreneur, il s’agit donc d’identifier et de s’appuyer sur ce territoire pour mobiliser des ressources et des relations de proximité, les plus faciles d’accès. Pour les pouvoirs publics, il ne s’agit plus financer massivement de grands programmes de développement dont elles auraient décidé au préalable des objectifs, mais d’accompagner les initiatives locales et créer les conditions de leur réussite.
Durant le second semestre de l'année 1990, quelques mois après la chute du mur de Berlin, symbole parmi les symboles, des exodes massifs vers l'Ouest ont marqué en Albanie le début de mouvements semblables à ceux qu'avaient connu les autres pays d'Europe centrale et orientale. En juillet, 5 000 personnes envahissent ainsi les ambassades de différents Etats d'Europe occidentale. Elles se dirigeront vers l'Italie, la France et l'Allemagne après avoir gagné le statut d'émigrants politiques. En décembre, 3 000 citoyens albanais d'origine grecque passent illégalement la frontière grécoalbanaise ; en mars 1991, environ 20 000 personnes embarquent pour l'Italie et autant traversent à nouveau illégalement la frontière avec la Grèce ; en août, l'Italie doit accueillir 18 000 personnes, qui seront ensuite rapatriées par voies aérienne et maritime par les autorités italiennes. Entre juillet 1990 et août 1991, on estime à 200 000 le nombre des citoyens albanais qui ont émigré 1. Après 1991, aucun autre mouvement de cette ampleur n'est noté, mais l'hémorragie continue à un rythme plus lent. Six ans après, ces mouvements, sans précédents en Albanie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, auraient touché plus de 400 000 personnes (14% de la population totale de l'année 1994), généralement âgées de moins de 30 ans [Misja, 1996] 2. Au sein de ces mouvements généraux, dirigés principalement vers la Grèce et l'Italie, on distingue une population spécifique, dont le départ pourrait être lourd de conséquences économiques, politiques et sociales pour l'Albanie : les "cerveaux", les élites intellectuelles qui ont été formées dans les universités du pays et ont souvent effectué des séjours de spécialisation scientifique en Europe occidentale dans les années 1980. Alors que, sous le système socialiste, les mouvements d'émigration Est-Ouest étaient le plus souvent à caractère politique, des études récentes ont montré que les motifs d'ordre économique avaient pris une importance nouvelle depuis 1990, appelant à la constitution Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997 Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997 Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997
Jean-Guillaume Ditter & Ilir Gedeshi, «Dix ans de transition économique albanaise : de l'autarcie à l'extraversion», pp 121-139. A l'issue d'une décennie de réformes incomplètes jalonnées de chocs d'origine externe et interne violents, l'économie albanaise a subi une mutation rapide qui l'a menée d'une situation d'autarcie presque complète à une dépendance extrême vis-à-vis des flux de personnes, biens et capitaux internationaux. L'objet du texte qui suit sera de retracer les différentes étapes de cette transformation avant de dessiner un état des lieux de l'appareil productif albanais tel qu'il se présente de nos jours, de ses déséquilibres et de ses relations avec l'extérieur. Il s'achèvera par la présentation de l'évolution de l'espace économique albanais, dont les déséquilibres croissants reflètent ceux évoqués précédemment. JGD
Durant le second semestre de l'année 1990, quelques mois après la chute du mur de Berlin, symbole parmi les symboles, des exodes massifs vers l'Ouest ont marqué en Albanie le début de mouvements semblables à ceux qu'avaient connu les autres pays d'Europe centrale et orientale. En juillet, 5 000 personnes envahissent ainsi les ambassades de différents Etats d'Europe occidentale. Elles se dirigeront vers l'Italie, la France et l'Allemagne après avoir gagné le statut d'émigrants politiques. En décembre, 3 000 citoyens albanais d'origine grecque passent illégalement la frontière grécoalbanaise ; en mars 1991, environ 20 000 personnes embarquent pour l'Italie et autant traversent à nouveau illégalement la frontière avec la Grèce ; en août, l'Italie doit accueillir 18 000 personnes, qui seront ensuite rapatriées par voies aérienne et maritime par les autorités italiennes. Entre juillet 1990 et août 1991, on estime à 200 000 le nombre des citoyens albanais qui ont émigré 1. Après 1991, aucun autre mouvement de cette ampleur n'est noté, mais l'hémorragie continue à un rythme plus lent. Six ans après, ces mouvements, sans précédents en Albanie depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, auraient touché plus de 400 000 personnes (14% de la population totale de l'année 1994), généralement âgées de moins de 30 ans [Misja, 1996] 2. Au sein de ces mouvements généraux, dirigés principalement vers la Grèce et l'Italie, on distingue une population spécifique, dont le départ pourrait être lourd de conséquences économiques, politiques et sociales pour l'Albanie : les "cerveaux", les élites intellectuelles qui ont été formées dans les universités du pays et ont souvent effectué des séjours de spécialisation scientifique en Europe occidentale dans les années 1980. Alors que, sous le système socialiste, les mouvements d'émigration Est-Ouest étaient le plus souvent à caractère politique, des études récentes ont montré que les motifs d'ordre économique avaient pris une importance nouvelle depuis 1990, appelant à la Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997 Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997 Conditions économiques et émigration des élites intellectuelles en Albanie Cahiers d'études sur la Méditerranée orientale et le monde turco-iranien, 23 | 1997
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