A partir de leur praxis, les auteurs proposent de questionner l'impensable de la problématique autistique avec pour point de départ l'amour et le désir, qui en est son grand véhicule. A cet effet, ils proposent de mettre en rapport sujet de l'individuel et sujet du collectif, formation de la foule et passion mélancolique …et ce, afin d'en saisir les enseignements sur les effets de structuration du sujet dit autiste dans ses rapports avec l'Autre, et réciproquement, sur la qualité du lien social contemporain. Ils argumentent que la conjoncture entre la problématique autistique et le discours capitaliste potentialise la mélancolie du soignant [en miroir à la mélancolisation de l'Autre maternel]. La conception actuelle du soin, qui évince la spécificité de l'amour de transfert spécifique à la souffrance autistique, détruit toute idée d'implication du professionnel dans la rencontre. Dès lors, seule la restauration des dimensions de l'amour de transfert et du désir, comme le traitement de leur incurable, permettent de penser et/ou de repenser les pratiques actuelles, cette fois à partir de l'éthique propre à la clinique psychanalytique.
Le trauma à l'épreuve de l'espace transféro-transitionnel D'une mauvaise à une bonne rencontreQuant à la névrose traumatique commune, elle offre deux traits susceptibles de nous servir de guides, à savoir que la surprise, la frayeur semble jouer un rôle de premier ordre dans le déterminisme de cette névrose et que celle-ci paraît incompatible avec l'existence simultanée d'une lésion ou d'une blessure. (Freud, 1919, p. 14) Cette proposition de Freud à propos de la souffrance du névrosé traumatique, nous oriente d'emblée sur la question topologique, pour ainsi dire spatiale du trauma: hors lieu, hors temps, le trauma freudien se résoudrait plus facilement s'il pouvait se nicher à même le corps, la blessure touchant son bios, l'organique attirant à elle un flux d'investissements censé contrebalancer la déperdition narcissique.Cette double caractéristique u-topique et atemporelle du traumatisme, est aisément repérable lors de l'instant d'effraction traumatogène et dans son après coup, via les efforts répétés du sujet qui tente de symboliser l'impensable de sa propre perte.1 Elle est aussi, cette fois dans son aspect sublimatoire et créatif, la caractéristique d'un espace/temps particulier, celui de l'aire transitionnelle chère à D.W. Winnicott (1971). A la "mauvaise rencontre", éternellement manquée, de la tuché (Lacan, 1963-64, p. 61-75), qui n'est autre que celle du traumatisme elle-même, se repère la "bonne rencontre" clinique propre au dégagement de cet espace original de l'entre deux. Il donne alors sens à une autre définition possible de la tuché (traduit classiquement par fortune, hasard), du côté de la bonne fortune, d'un évènement qui, tout en échappant au mécanisme de répétition propre à l'automaton, donnera alors sa place au désir inconscient du sujet. 2 1. Nous faisons là référence au syndrome de répétition avec réminiscence diurne et nocturne de la situation de danger. 2. Tuché et Automaton définissent deux modalités du hasard qui résistent à se réduire aux quatre causes (matérielle, formelle, finale, efficiente) proposées par Aristote. La tuché est une cause par accident qui survient dans les choses susceptibles de choix délibéré mais qui justement ne l'a pas été. "Par exemple, le fait pour un homme de venir sur la place par fortune et d'y rencontrer celui qu'il voulait mais sans qu'il y eut pensé, a pour cause le fait d'avoir voulu se rendre sur la place pour affaires". Ainsi la tuché donne t-elle sa place au désir inconscient : quelque chose de voulu se réalise sans que le sujet y ait pensé. ARTIGOSano IX, n. 3, set/ 2 0 06La rencontre amoureuse par exemple, traduit, sur un mode souvent passionnel, traumatogène, parfois négatif et brutal, 3 cette mauvaise rencontre qui s'avérera in fine convertible en bonne: sans que le sujet n'y ait pensé, il fera sa vie et des enfants avec cet homme ou cette femme… Non anticipable du réel de la tuché "amoureuse".Or, l'amour, dans le champ psychanalytique, est toujours un amour de transfert, moteur thérapeutique de la cure en tant que le traumatisme positif a j...
Distribution électronique Cairn.info pour Érès. © Érès. Tous droits réservés pour tous pays.La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.
Résumé La clinique du grand brûlé trouve ses racines dans la théorie du réel, ce concept « inventé » par Lacan afin de le distinguer dans sa limite distinctive des autres registres, et de pointer sa particularité, celle d’échapper à la mise en forme symbolique et représentationnelle. Comment dès lors, atteindre au réel par la parole ? Pouvons-nous proposer une alternative à une clinique d’expression émotionnelle et verbale, fondement actuel des pratiques des cellules d’urgence auprès des traumatisés ? Au travers l’analyse de cas de Mr M., brûlé accidentellement, et d’un déploiement conceptuel de la dite notion, nous démontrerons la pertinence d’une praxis de contention et non de symbolisation du réel, dans notre clinique. Celle-ci se nourrit de la dynamique du transfert, et de l’approche langagière : c’est bien d’un acte de parole du clinicien, qui, en repositionnant un interdit de « réelisation », est à même de relancer le désir du sujet, au détriment de sa jouissance. En suivant le courant freudo-lacanien, emprunté par A. Didier-Weill, nous définirons une clinique du re-voilement. Cette dernière se caractérise par l’apposition d’un cache-chair, qui à l’image du cache-sexe, et du manteau de Noé, voilera le secret de l’être, et restituera au sujet la dimension d’infinitude, dont le symptôme dépressif, l’avait exclu.
Le traumatisme trouve corps dans le corpus narratif. Qu’il s’agisse de la clinique, ou de la littérature, de la construction de cas ou de l’analyse de récit, nous avançons que le processus motionnel du rêve, caractérisé par le défilé d’images oniriques qui le compose, est le moteur archaïque de tout travail d’écriture. La souffrance de M. A., brûlé névrosé traumatique, est à ce titre caractéristique de l’arrêt sur l’image d’effroi. Sa rencontre nous permettra d’élaborer une clinique de la narration, ainsi que de saisir l’avantage de l’écriture transférentielle face à l’entreprise littéraire au sein du processus narratif.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.
hi@scite.ai
10624 S. Eastern Ave., Ste. A-614
Henderson, NV 89052, USA
Copyright © 2024 scite LLC. All rights reserved.
Made with 💙 for researchers
Part of the Research Solutions Family.