Pour être avant tout un concept philosophique, le destin a toute sa place dans le cadre d’un questionnement à propos de la pratique clinique aujourd’hui. Il peut s’entendre dans le discours de certains patients sous la forme d’un « c’est écrit » irrévocable et déterminant la vie individuelle dans les orientations qui lui sont propres, auxquelles il n’est d’autre choix que la résignation. On tente ici de montrer qu’à l’opposé de cette conception nécessitariste, le destin, tel qu’il peut ou doit être entendu dans la clinique, convoque la dimension de l’Autre et procède avant tout du contingent, seul susceptible de constituer l’enjeu d’une signature subjective. La clinique, en cela, doit être entendue comme ce qui aménage l’espace où cette signature peut prendre corps, et ce contre la propension aujourd’hui à réduire celle-ci au statut de « trace habilitée » par les discours propres au technoscientisme.