RÉSUMÉ Depuis une quinzaine d’années, dans un paysage scientifique marqué par le risque, les travaux de recherche sur les catastrophes se multiplient. Ils défendent principalement deux approches : l’une, empirique, vise à décrire et documenter les situations de catastrophe ; l’autre, plus théorique, envisage la catastrophe comme un analyseur des sociétés contemporaines. Malgré tout, l’éparpillement des productions comme la spécificité de l’objet catastrophe font débat. Peut-on produire un discours scientifique sur les catastrophes ? La catastrophe est-elle un nouveau paradigme venant concurrencer celui du risque ? Si oui, cela impliquerait-il de changer de modèle de société ? Ces questions, certes légitimes, se situent à un tel niveau d’abstraction qu’elles écartent la plupart du temps la question du terrain, faisant passer au second plan le caractère heuristique de cette démarche.
Fondé sur des entretiens réalisés avec 37 résidents vivant dans 15 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), cet article se propose d’analyser leurs expériences variées du premier confinement. Dans un premier temps, il montre que l’expérience du confinement a pris des formes différentes en fonction des modes d’habiter en Ehpad. Ceux qui vivaient repliés dans leur chambre voient peu de différences avec la vie d’avant. Ceux qui habitaient l’Ehpad en s’appropriant les espaces collectifs tendent à percevoir le confinement comme une privation de ces espaces. Enfin, ceux qui étaient tournés vers l’extérieur de l’établissement insistent plutôt sur l’absence de liberté de circuler en dehors de l’Ehpad qui a marqué la période. Dans un second temps, l’article explore trois autres facteurs qui éclairent également les expériences du confinement : les modalités de confinement mises en place par l’Ehpad dans lequel ils résident, les ressources occupationnelles ou relationnelles que les Ehpad ont pu mobiliser et la trajectoire antérieure des résidents.
Les naissances n’ont plus vocation à « perpétuer un monde immobile ». Elles s’inscrivent dans un monde ouvert, un environnement fait d’incertitudes et de désirs. Au-delà des mutations démographiques et de la politique en matière de natalité en France qui interviennent à une échelle macro, deux mouvements antinomiques à bien des égards ont contribué à façonner « la naissance ». La médicalisation qui a pour corollaire une professionnalisation de l’accompagnement et une organisation établie sur le modèle du risque obstétrical, inscrit la naissance dans des dispositifs prescrits faisant de la parturiente essentiellement une patiente. Cette administration des naissances, assimilable à un biopouvoir, peine aujourd’hui à instituer car elle tend à réduire la naissance au suivi de grossesse, puis à l’accouchement, alors que les parents l’inscrivent dans un tout autre régime de temporalité. Donner naissance est un événement, qui s’initie par un projet jusqu’à l’expérience de la parentalité. Cette valorisation de l’intime va de pair avec un rapport authentique à l’enfant. Article de synthèse, ce texte vise à identifier les enjeux relatifs à la naissance et au naître en déplaçant le curseur d’études empiriques, vers une perspective plus globale. Étudier l’entrée des individus dans la vie, ce qui fait l’existence d’un être humain reconnu socialement, pourrait être le principal objectif des travaux à venir.
scite is a Brooklyn-based organization that helps researchers better discover and understand research articles through Smart Citations–citations that display the context of the citation and describe whether the article provides supporting or contrasting evidence. scite is used by students and researchers from around the world and is funded in part by the National Science Foundation and the National Institute on Drug Abuse of the National Institutes of Health.