Résumé Une expérience d’enquête au sein de l’association de lutte contre le sida Act Up-Paris permet de reposer la question classique du lien entre recherche scientifique et engagement, dans le cas précis de l’enquête ethnographique en terrain militant. La tâche de l’ethnographe se trouve ici conditionnée par une proximité d’habitus avec les acteurs, qui facilite son immersion tout en l’exposant à de fortes incitations à l’action. Loin de faire figure d’exception, la posture d’observation participante s’avère emblématique des tensions entre distance et engagement qui façonnent l’expérience militante.
Since 2008, homosexuality has been the subject of recurrent public controversies in Senegal, sometimes accompanied by police arrests and popular violence. In this context, a migration route has opened up to Mauritania, where some are granted refugee status by the United Nations High Commissioner for Refugees (UNHCR). Among them, a few are selected for 'resettlement' in a host country in North America or Europe. Many of these Senegalese gay men residing in Mauritania are infected with HIV. In recent years, some of them have returned to Senegal in a very deteriorated condition, leading in several cases to death; others have died in exile in Nouakchott.This article reports on the living conditions and access to health care of Senegalese gay men who went to Mauritania hoping for resettlement to the Global North by the UNHCR. It is based on semi-directed interviews with Senegalese gay asylum seekers as well as members of NGOs, health structures and institutions (including the UNHCR) in Nouakchott and Dakar. It shows that, despite the UNHCR's demonstrated commitment to refugee protection, the asylum (and specifically resettlement) system exposes those who rely on it to increased, sometimes fatal, health risks.
L'idée selon laquelle les questions de genre et de sexualité méritent d'être pensées ensemble n'est pas nouvelle. Pour autant, elle a mis du temps à s'imposer et ne va toujours pas de soi. Dans un texte phare publié au moment où la notion de genre émerge au coeur de la théorie féministe, Gayle Rubin développe le concept de «système sexe/genre» qu'elle définit comme «l'ensemble des dispositions par lesquelles une société transforme la sexualité biologique en produits del' activité humaine et dans lesquelles ces besoins sexuels transformés sont satisfaits » [Rubin, 1998 (1975): 6]. En même temps que le sexe social, le genre traduit l'orientation sexuelle: «Le genre n'est pas seulement l'identification à un sexe; il entraîne aussi que le désir sexuel soit orienté vers l'autre sexe » [Rubin, 1998 (1975): 33]. Genre et sexualité se trouvent ici indissociablement liés dans le cadre d'une théorie visant notamment à souligner la liaison entre l'oppression des femmes et celle des homosexuel-le-s. Dans un texte publié neuf ans plus tard, en 1984, alors que le contexte des luttes et des productions intellectuelles féministes a changé, Gayle Rubin revient sur ses premières positions : « Le genre affecte la façon dont fonctionne le système sexuel, et le système sexuel a des manifestations spécifiques en fonction du genre. Mais bien que le sexe et le genre soient reliés, ils ne sont pas la même chose, et ils forment le fondement de deux aires différentes d'interaction sociale. Par opposition à ma prise de position de The Traffic in Women, je soutiens aujourd'hui qu'il est essentiel de séparer analytiquement le genre et la sexualité pour mieux refléter leur existence sociale séparée » [Rubin, 2001 (1984) : 128]. De fait, les deux domaines de recherche se développent séparément pendant longtemps, avec heureusement des exceptions [Ortner & Whitehead, 1981 ]. À partir des années 1980, l'essor des recherches consacrées aux femmes ou aux minorités sexuelles entraîne un certain renouvellement des approches de la sexualité et du genre dans les pays occidentaux. La pensée constructionniste domine, procédant à une dénaturalisation non seulement du genre mais aussi du sexe, également analysé comme une construction historiquement située [Laqueur, 1992 (1990)]. Au début des années 1990, apparaît aux États-Unis une nouvelle génération de travaux rassemblés plus tard sous le label de théorie queer, dont
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