During the 1970s in Brazil a social space directed towards health problems on the population level, called collective health, was created and institutionalised. To what extent did this Brazilian invention correspond to a specific socio-historical practice? The works published on this topic have considered social medicine as a homogeneous phenomenon without empirically studying the specificities of national experiences. To bridge this gap, a historical study on the genesis of collective health in Brazil was carried out based on Bourdieu's field theory. The interaction between the paths of the founders and the conditions of historical possibilities were researched through documentary and bibliographical sources, as well as through in-depth interviews of the founders. This social space originated from a meeting of agents with different social backgrounds but who interconnected, creating a structure that was independent of each agent considered individually. One of the components of this establishment was the joining of theoretical production and the implementation of health reforms that resulted in the organisation of a universal health system. This study attempts to show how the international political situation and the contradictions of the national crisis created a universe of possibilities, allowing for the genesis of this sui generis space in Brazil.
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La médicalisation de l'échec scolaire. Dans cet article, on analyse ce que les discours savants et les pratiques médicopsychologiques ayant pour objet les enfants déficients mentaux doivent à leurs conditions sociales de production. L'apparition, dans les dernières années du 19e siècle, de nouvelles figures «d'enfants anormaux» —l'instable et l'arriéré— est directement liée à l'entrée massive, du fait de l'obligation scolaire, des enfants des fractions les plus basses des classes populaires. Les premiers spécialistes de psychopédagogie élaborent les représentations savantes caractérisant ces «écoliers anormaux» et poussent à la mise en place de structures spécialisées, adaptées à leur prise en charge. La réussite de ce projet est sanctionnée par une loi de 1909 créant les classes de perfectionnement. Mais cette victoire juridique ne sera pas suivie d'effets sur le plan institutionnel pendant la première moitié du 20e siècle. Ce n'est qu'au lendemain de la seconde guerre mondiale, et alors que se met en place un système d'institutions diversifiées prenant en charge différentes populations d'enfants inadaptés (délinquants, caractériels, débiles profonds, moyens, etc.), que les classes de perfectionnement vont commencer à se développer tout en se spécialisant dans l'éducation des seuls «arriérés» (devenus, selon la nouvelle nomenclature psychologique, les débiles légers). Le champ de l'enfance inadaptée, polarisé autour de différents corps de spécialistes (pédopsychiatres, médecins des hôpitaux psychiatriques, psychanalystes d'enfants, psychologues, enseignants spécialisés) s'affrontant parfois sur les représentations des inadaptations et les pratiques thérapeutiques, est dominé jusque vers la fin des années soixante par les pédopsychiatres qui vont occuper les positions clefs dans les institutions nouvelles, extérieures à l'Education nationale (Sauvegarde de l'enfance et de l'adolescence, Instituts médico-pédagogiques, Centres de rééducation pour caractériels). C'est leur discours qui fait loi, impose les limites d'intervention des autres spécialistes (les psychanalystes sont cantonnés dans la prise en charge des troubles mineurs, les médecins asilaires se voient relégués dans le seul gardiennage des déficients mentaux les plus profonds). Les nouvelles représentations en matière d'inadaptation que construisent les pédopsychiatres intègrent dans un discours éclectique des éléments provenant de différentes disciplines (génétique, psychologie expérimentale, psychologie génétique, psychanalyse), en les organisant de manière à établir sur des bases «scientifiques» une relation de causalité entre inadaptation et risque de délinquance. Les enfants débiles ne sont plus caractérisés par le niveau de leur déficience intellectuelle mais comme des «personnalités globalement déficientes» (retard intellectuel, psychomoteur, affectif, incapacité d'accéder à l'abstraction) dont la fragilité psychique est le trait dominant. Menacés par le milieu social environnant, les jeunes déficients mentaux sont considérés comme «en danger moral» pour cette raison même qu'ils sont des arriérés. Si les pédopsychiatres exercent encore aujourd'hui une influence déterminante dans certaines institutions du champ et si les représentations qu'ils ont élaborées continuent de circuler dans une large part du système institutionnel (et notamment dans le corps enseignant), leur position dominante se trouve mise en cause, vers la fin des années soixante, par un nouveau pôle organisé autour de la psychanalyse. C'est en critiquant la notion de débilité et le caractère chronicisant de la pédagogie spécialisée que les analystes tentent de s'arracher à la place d'auxiliaire qui leur avait été assignée jusque là. Replaçant théoriquement l'arriération mentale dans le champ des psychonévroses, ils replacent du même coup les enfants arriérés dans la clientèle potentielle des psychothérapies qu'ils pratiquent au sein de leurs institutions (CMPP, hôpitaux de jour, etc.). Ce faisant, ils entrent en concurrence directe avec les pédopsychiatres qui avaient jusque là monopolisé la clientèle des arriérés mentaux jugés d'ailleurs par les maîtres de la psychanalyse comme inanalysables. La confrontation opposant les analystes aux pédopsychiatres semble se dénouer en faveur des premiers puisque les pouvoirs d'Etat reprennent dans les textes officiels les catégories nosographiques du discours analytique moderne, renvoyant dans le traditionnel les catégories des pédopsychiatres. Ainsi la notion de psychonévrose à versant déficitaire succède à celle de débilité mentale et les analystes ici ne font que relayer les pédopsychiatres dans la retraduction psychologique d'un phénomène proprement social tel que l'échec scolaire des enfants des classes populaires, produit de la distance séparant la culture du milieu familial de l'arbitraire culturel dominant. Les analystes ne font que remplacer les neuropsychiatres mais ils élargissent par leurs pratiques thérapeutiques le contrôle social des institutions du champ puisque, conformément à leur univers théorique, ils sont amenés à chercher dans l'économie symbolique du noyau familial ce qui serait déterminant de l'échec scolaire de l'enfant. De l'échec scolaire symptôme d'une souffrance de l'enfant, on passe à l'enfant symptôme d'une souffrance familiale, et c'est alors directement dans la famille qu'il faut intervenir par cette dynamique institutionnelle. Une prise en charge psychothérapeutique massive des familles culturellement les plus démunies tend à se mettre en place. La psychanalyse du pauvre se développe en même temps que le pouvoir des analystes s'impose dans le champ de l'enfance inadaptée, où il continue bien de rencontrer un certain nombre d'obstacles dont l'un des moindres n'est pas la fuite des familles les plus populaires devant le questionnement analytique.
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