Réflexions sur la société civile en Afrique : Le Burkina de l'après-Zongo

Abstract

Nombreux sont les concepts fondamentaux de l'analyse du politique en Afrique qui font aujourd'hui l'objet de réévaluations, voire de révisions déchirantes, depuis que la vague de « démocratisation » inattendue du début des années 90 est retombée. Il en est ainsi du concept de société civile. Celle-ci n'existerait pas en Afrique noire, où elle ne serait qu'une idéologie, un slogan qu'il conviendrait de déconstruire afin de ne pas créer de confusion, ni entretenir l'illusion de systèmes politiques très proches de ceux des sociétés « civilisées 1 ». Pourtant, en analysant le mouvement de protestation qui s'est récemment exprimé au Burkina-Faso, on peut soutenir que la société civile n'est pas un leurre. Elle existe, d'abord et avant tout parce qu'elle a conscience de son existence, de son rôle, des risques encourus par ses militants et dirigeants, qui les assument au nom d'un certain nombre de valeurs. Si certains auteurs récusent le concept de société civile, estimant qu'il convient de s'en passer au profit d'autres, plus classiques mais aussi plus heuristiques, tels les concepts de classes, d'élites, d'ethnicité, ou de genre, d'autres estiment en revanche qu'on peut l'utiliser sous bénéfice d'inventaire 2. Certes, le processus de différenciation des sphères politique et économique et l'émergence d'une classe moyenne forte et organisée sont encore des processus incertains en Afrique noire. De ce fait, on peut comprendre les réticences de certains chercheurs à utiliser un tel concept. Mais de là à nier qu'il puisse

“Thousands of New Sankaras”: Resistance and Struggle in Burkina Faso

“…Among the stronger presidential candidates, only Bénéwendé Sankara does not originate from Compaoré's power sphere. He is a lawyer who was actively involved in human rights movements after the assassination of the journalist Norbert Zongo in December 1998 (Loada 1999;Hagberg 2002). The generational shift is related to young generations' use of social media with its instant publication of news, rumours, and hearsay.…”

Explaining the unexpected: electoral reform and democratic governance in Burkina Faso

“…It opened up a Pandora's box and engendered an enduring crisis of governance, which brought intense domestic and international pressure to bear on the regime, forcing it to make concessions. As the crisis dragged on, the opposition movement radicalised its demands, denouncing the lack of political accountability and deficiencies of the judicial system and calling on the president to resign to allow for a peaceful resolution of the crisis ( Jaffré 1999;Loada 1999 ;Reporters sans Frontières 1999. The radical opposition increasingly contested the legitimacy of the political regime and the authority of the president.…”

2 - Faillite de l’Etat et administration de l’espace public politique par les « jeunes patriotes » en Côte d’Ivoire

“…Cela rend encore plus complexe la problématique autour du concept même de « société civile », dont l'usage dans le contexte africain semble n'avoir pas encore obtenu le consensus des scientifiques. Mais, en dépit des questions ontologiques et des visions pessimistes d'une société civile africaine, en raison de la forte politisation, soit de ses revendications, soit de ses leaders, Loada (1999) s'appuyant sur l'expérience burkinabé, affirme qu'il n'est pas scientifiquement pertinent de dénier l'effectivité d'une société civile en Afrique, vu qu'elle y a contribué à des changements sociaux et politiques majeurs. A ce propos, Widner (1994) situe les associations à caractère civique à la base de l'émergence de la société civile depuis la période coloniale.…”