"Parents" ou "familles" : critique d'un vocabulaire générique

Abstract

Pourquoi, dans les ZEP, parle-t-on plus facilement de « familles » que de « parents » ? Que recouvrent ces termes ?... Les familles des quartiers défavorisés sont souvent représentées comme ne s'intéressant pas à l'école et à la scolarité de leurs enfants. Cette idée est d'ailleurs au principe d'un certain nombre d'actions ou de dispositifs mis en place dans les ZEP. Une enquête monographique auprès de familles « clientes » du travail social montre que, même dans une catégorie aussi « défavorisée », les attitudes et les attentes à l'égard de l'école sont des plus contrastées, mais qu'elles ont en commun un certain nombre de problèmes dans leurs relations avec l'institution scolaire.

De quelques principes de justice dans les rapports entre les parents et l’école

“…En effet, institué en norme, le modèle de partenariat devient mode d'évaluation de la contribution des parents à la scolarité de leur enfant et, au-delà, au fonctionnement de l'école elle-même. Il sert ainsi d'analyseur de la qualité des réponses apportées par les familles aux attentes de l'institution scolaire, c'est-à-dire de leur degré de conformité au rôle de parent d'élève (Glasman, 1992b). Or, un constat récurrent se dégage des enquêtes qui montre que le partenariat est plus développé là où les agents de l'école le jugent moins nécessaire et plus lacunaire voire absent là où il apparaît indispensable, dans les quartiers populaires et de l'éducation prioritaire en particulier.…”

Technologies de l'implication des parents dans les institutions éducatives

“…Dominique Glasman avait attiré l'attention des chercheurs sur les usages respectifs des termes « parents » et « familles », en particulier dans les zones d'éducation prioritaire 3 (Glasman, 1992). À partir de quelques enquêtes de terrain, il remarquait que les professionnels utilisaient davantage le second terme en ZEP alors que le premier était plus spontanément utilisé dans d'autres quartiers.…”

Les enseignants de lycée professionnel et leurs pratiques pédagogiques : entre lutte contre l'échec scolaire et mobilisation des élèves

“…Mais rencontrer les parents pour faire le point sur la scolarité d'un élève ne signifie pas pour autant la mise en oeuvre d'un véritable partenariat éducatif. Le discrédit professoral pesant fortement sur les familles de milieux populaires (Glasman, 1992 ;Dubet et al, 1997 ;Thin, 1998) conduit certains PLP à établir une distance alors même que des parents sont présents en LP : « Tu vois, j'ai une fille, elle est vraiment limitée mais quand tu as vu la mère, tu te dis, ben elle est un peu sosotte et donc, tu ne peux pas vraiment compter sur elle, espérer qu'elle soit responsable de sa fille alors qu'elle a déjà du mal à s'occuper d'elle-même. » (Femme, PLP en comptabilité).…”