Par référence au principe de laïcité, un enseignement laïque aborde le fait religieux de façon respectueuse des croyances ou des non-croyances. La découverte et l’acceptation du pluralisme religieux (« des » faits religieux) contribueraient au vivre-ensemble en favorisant la tolérance et le respect du pluralisme des convictions (Willaime, 2017)1. La proposition renvoie ainsi au principe hérité de Condorcet, selon lequel il ne saurait y avoir conflit entre connaissances et valeurs (Audigier, 1991). Cependant l’accent mis sur une visée éducative peut rendre accessoire l’appui sur la raison critique, si l’enseignement du fait religieux ne s’appuie pas sur l’enseignement de la démarche scientifique qui permet de parler de fait religieux. La question des rapports entre savoirs et valeurs est donc liée à des enjeux didactiques. L’analyse d’une situation d’enseignement en histoire sur le pluralisme religieux médiéval conduit à s’interroger sur les conditions pour remettre en cause la façon dont les élèves appréhendent les faits à partir de la valeur qu’ils donnent à la notion de tolérance. Avec cette étude, nous cherchons à construire des repères pour aider les professeurs à problématiser ces situations où valeurs et savoirs se trouvent en tension.