Les big data, le datamining et le profilage, avec l’ensemble des applications d’aide à l’action individuelle et collective qui en découle, suscitent à juste titre des inquiétudes en ce qui concerne, d’une part la protection de la vie privée dans un environnement capteur des faits et gestes de chacun, d’autre part les formes de gouvernance de plus en plus informées par des algorithmes prédictifs. Sans négliger ces dangers, une position presque inverse sera ici défendue sous forme d’hypothèse : loin d’entraîner le déclin de l’autonomie individuelle, de soi comme personne singulière capable de réflexivité et en position de faire des choix autonomes, la confrontation renouvelée à une image personnelle purement quantitative et utilitaire (profil) peut conduire à un ressaisissement de soi visant à ce que les choix soient non plus seulement guidés par une logique narcissique, utilitaire et quantitative, mais tout autant par des principes de cohérence individuelle, éthiques et moraux qui, in fine, donnent du sens à la vie.