Étudier et écrire l’histoire d’un groupe minoritaire comme les juifs est une opération aussi complexe que féconde pour analyser celle, plus générale, des sociétés d’Ancien Régime. Cette perspective permet en effet d’interroger sous un autre angle un certain nombre de phénomènes sociaux plus vastes, qui embrassent tant l’histoire politique et culturelle que l’histoire du droit et des institutions, ou encore l’histoire économique et sociale des sociétés du passé mais, aussi des sociétés contemporaines, dans la mesure où l’histoire des juifs a constitué, à bien des égards, un laboratoire, aussi bien en histoire que dans les sciences sociales, pour penser un certain nombre de catégories ou de concepts. Ces notions, parfois employées intuitivement ou inconsciemment par les chercheurs, sont ici présentées et appréhendées à travers un terrain de recherche particulier, celui de l’Italie moderne, qui a constitué un réceptacle pour les populations juives, solidement ancrées et intégrées dans le territoire et les cités de la péninsule, mais aussi discriminées d’un point de vue juridique, social ou encore économique.