L’adoption massive par les adolescents du réseau socionumérique Snapchat, construit autour de l’éphémérité des échanges, pourrait faire penser que les contenus et conversations amenés à disparaître garantiraient aux jeunes une plus grande liberté communicationnelle, en les affranchissant du caractère habituellement permanent de ce qu’ils choisissent de partager dans les espaces numériques. Cet article, qui repose sur une méthodologie qualitative, nuance ce constat et explore la tension entre, d’une part, l’adhésion des adolescents au fonctionnement atypique et très codifié de ce dispositif sociotechnique et, d’autre part, les stratégies qu’ils mettent en place pour garder le contrôle sur le caractère éphémère de leurs contenus. Il montre en particulier que si l’utilisation de Snapchat implique à la fois l’appropriation de divers procédés de gamification empruntés aux outils de mesure de soi et l’acceptation de la notification systématique du screening , les jeunes parviennent aussi à se détourner de ces contraintes et à dessiner eux-mêmes les contours du « bon usage » de l’outil.
L’engouement réel et quantifiable pour des applications de suivi à distance démontre que la surveillance parentale se trouve profondément affectée par l’essor des outils et plateformes numériques. Parmi les nouvelles modalités de surveillance à disposition de l’autorité parentale depuis près d’une décennie, la collecte de la position géographique des enfants est sans doute une des plus débattues. En s’appuyant sur une méthodologie qualitative, cet article vise à apporter une contribution empirique sur les conséquences sociales qui découlent de l’utilisation de la géolocalisation des jeunes au sein du cercle familial. Il montre en particulier que le dispositif sociotechnique joue un rôle dans la mise à l’épreuve de la relation de confiance entre des parents à la recherche de sécurité et des jeunes dont la parole s’efface derrière un traçage spatial considéré comme révélateur de vérité.
Cadre de la recherche : Cet article est basé sur la recherche TRANSICOVID qui a pour objet de recueillir l’expérience et le ressenti des personnes pendant la crise sanitaire liée au coronavirus et de mesurer leur impact sur les transitions sociale, écologique et numérique. Objectifs : L’objectif est de démontrer que les nouvelles expériences de (re)cohabitation, par la mise en pause de l’autonomie résidentielle juvénile, ont généré de vraies opportunités familiales, mais aussi des tensions, étroitement liées au retour soudain et parfois contraint au domicile parental. Méthodologie : Notre méthodologie est mixte puisque nous avons procédé à une analyse quantitative de 2383 questionnaires de jeunes adultes et de parents de jeunes adultes confinés avec eux ainsi qu’une analyse qualitative d’entretiens semi-directifs menés auprès de 36 parents et jeunes adultes. Résultats : Ces (re)cohabitations, fortement différenciées en fonction notamment des configurations familiales et des caractéristiques sociodémographiques des individus, se sont révélées favorables au resserrement des liens familiaux, aux activités communes, mais ont également fait l’objet de compromis plus ou moins tacites, de négociations et de tensions, d’où la nécessité du respect des espaces et des temps personnels, mais aussi collectifs. Conclusions : La famille, en particulier quand elle valorise le respect de chacun et l’horizontalité, continue de constituer un pilier central dans la construction de soi, en assurant tour à tour un rôle de réassurance, de soutien, de reconnaissance et de valorisation, mais aussi de distanciation et d’autonomisation. Contribution : Ce travail permet de mettre en lumière les transformations de la famille contemporaine française, en particulier au regard de la tension entre familialisation et individuation.
Les échanges communicationnels via les plateformes de messagerie instantanée, la commande de services collaboratifs ou les jeux en réalité augmentée apparaissent de plus en plus familiers pour de jeunes citadins peinant à se passer de cette nouvelle offre de service susceptible d’« augmenter » leur expérience de la ville. Dans ce contexte se dresse alors une frontière invisible entre les connectés et les non-connectés, entre les « experts » et les « profanes », les uns et les autres forgeant des définitions de la convivialité qui s’appuient sur des contextes différents d’interprétation.
Alors que la problématique de la gestion des données personnelles ne cesse de gagner en importance dans notre société hyperconnectée aux dispositifs numériques, cet article dresse un état des lieux des résultats sociologiques issus de terrains récents sur le rapport des adolescents à leurs propres données ainsi qu'aux contenus qu'ils partagent en ligne. Les jeunes sont en effet la population la plus concernée par la vie privée en ligne, renouvelant sans cesse des stratégies d'offuscation et de contournement pour garder le contrôle sur leur présentation de soi. Parallèlement, ils sont particulièrement à l'aise lorsqu'il s'agit de collecter certaines données personnelles de leurs pairs, comme c'est le cas avec la position géographique. Néanmoins, ils apparaissent bien plus vulnérables lorsqu'il s'agit de protéger leurs données personnelles des responsables de traitement, même s'ils cherchent là aussi des solutions. Résumé anglais :As the global issues about personal data management are becoming more and more relevant in our hyperconnected societies, this paper provides an inventory of sociological thoughts about young people privacy awareness, carried by up-to-date studies referring to locationbased services and the social network Snapchat. We learned over the past decade that young people were actually the most concerned on privacy subjects, as they were constantly renewing their obfuscation and bypassing strategies in order to keep some control over their digital exposure. Meanwhile, we learned in our past researches that they felt very comfortable at collecting their friends' personal data. Nevertheless, they still got a room for improvement at protecting their personal data from powerful data brokers, even if they are interested in finding solutions to solve the issue.
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