Depuis quelques années, la fréquentation juvénile des espaces communicationnels en ligne s'accompagne de vérifications de présence toujours plus diversifiées et intrusives, telles que l'heure de la dernière connexion, l'ouverture ou non d'un contenu ou le fait d'être en train de rédiger une réponse. La SnapMap, issue de l'application Snapchat, s'impose aujourd'hui comme une illustration significative de cette logique de surveillance, en permettant aux jeunes d'afficher en temps réel leur position géographique. Cette contribution empirique, qui s'appuie sur une méthodologie qualitative (27 entretiens semi-directifs), rend compte des appropriations, détournements et enjeux de ce dispositif sociotechnique particulièrement bavard sur la présence et l'activité, en ligne comme hors ligne, des pairs adolescents. Il ressort que si elle peut être utilisée par simple curiosité ou servir des stratégies de regroupement ou d'évitement, la SnapMap reste surtout un révélateur de vérité dans le cas de fortes amitiés ou de relations sentimentales. Elle apparaît aussi comme un espace résolument codifié : la déconnexion volontaire à l'outil entraîne la nécessité d'une justification et le manque de maîtrise dans le partage de sa localisation y est socialement sanctionné.