Dans le large domaine de la littérature conviviale grecque, le Banquet de Xénophon et le Banquet de Platon constituent, pour nous, les tout premiers textes entièrement consacrés à un banquet, entendu comme une réunion d'hommes qui, suivant des règles et des comportements bien codiiés, se retrouvent, à des occasions données, autour d'un repas collectif, appelé deipnon, suivi d'un symposion, c'est-à-dire de la circulation, autour de la table, de la coupe de vin mélangé. Certes, de nombreuses descriptions de scènes conviviales se trouvent dans des récits, en vers ou en prose, précédant les banquets de Platon et Xénophon. Mais dans tous ces cas, il s'agit ou bien d'évocations de scènes conviviales à l'intérieur de récits qui sont pour ainsi dire plus larges dans leur contenu et dans leur inalité-je pense notamment aux poèmes homériques ou aux histoires d'Hérodote, qui mentionnent un grand nombre de banquets-ou bien de scènes igées, en une sorte de tableau, décrites à l'intérieur de quelques compositions symposiaques-c'est le cas, entre autres, de l'élégie de Xénophane, symposiaque à double titre : non seulement elle est une description précise de l'ensemble des éléments et des procédés typiques d'un symposion, mais, très vraisemblablement, elle était aussi chantée au cours d'un symposion 1. Ici le poète-convive décrit les diférents éléments du symposion, mais il n'en raconte pas le déroulement. Au contraire, Platon et Xénophon racontent un banquet, qui devient ainsi, pour la première fois, l'événement unique d'un ouvrage. Ces deux textes sont donc à proprement parler des textes conviviaux. Et ils se caractérisent tous les deux par la mise en scène d'un groupe d'hommes savants (les kaloi kagathoi de Xénophon,