Historiquement, la science politique s’est désintéressée de l’éducation et de l’école. Ce dossier ouvre un espace de débats autour de ses convergences avec la sociologie pour nourrir une nouvelle démarche réflexive et critique. Conçu après l’organisation par les coordinateurs d’un atelier du Colloque “Les sciences sociales européennes face à la globalisation de l’éducation et de la formation” (Amiens, novembre 2014), il s’inscrit dans le prolongement de dossiers antérieurs de la revue –Qualité et pilotage de l’éducation (Grek, Ozga & Lawn 2011), L’Europe : une mise en ordre cognitive ? (Dale & Derouet 2012), La raison éducative comme question sociale (Popkewitz 2013)– qui ont amorcé une distanciation par rapport aux nationalismes méthodologiques et analysé la construction de l’espace européen de l’éducation en objet politique. Il montre en quoi le dialogue entre les deux approches fait progresser la compréhension des enjeux de l’éducation et de la formation ; il souligne, à partir d’enquêtes empiriques, l’intérêt du recours conjoint aux outils de la sociologie et de la science politique et l’apport d’une analyse en termes de logiques sociales du politique et des politiques. Si la science politique s’intéresse d’abord aux modes de construction des décisions et aux relations entre acteurs politiques et institutionnels, la sociologie inscrit ces processus dans les problèmes et enjeux sociétaux en étudiant la constitution d’un problème public, sa mise en œuvre et ses résultats du point de vue des groupes sociaux qui y sont confrontés. Les textes réunis sont structurés en trois axes de réflexion complémentaires : la construction sociale des problèmes publics en éducation, l’élaboration et la mise en œuvre des politiques éducatives, les chantiers de recherche relevant de la sociologie de l’engagement et des institutions en éducation.
As a supplement to the classic works of electoral studies, this article investigates the relationships to politics and vote of working-class youth from the Parisian banlieues on the basis of a qualitative field study conducted during the 2012 presidential campaign. In doing so it addresses the general question of why and how a population that is usually seen as disconnected from politics votes anyway. We show that disinterest in politics does not equate to dispossession. Internal divides within the working class, elliptic appropriations, personal references and everyday life all contribute to the construction of opinions that translate into electoral positions. Finally, this article constitutes a methodological contribution to electoral sociology in addition to quantitative works. French Politics (2015) 13, 221-240.
En France, plusieurs traditions de recherche ont étudié le système scolaire, son essor, et plus particulièrement les inégalités sociales de scolarisation et leurs conséquences en matière de différenciation sociale et symbolique des groupes sociaux. Mais ces études se préoccupent rarement d’examiner comment les rapports à l’école participent de rapports plus larges aux institutions publiques. Ces interrogations n’ont pas non plus été au cœur des recherches sur l’État : les analyses des politiques scolaires ne mettent pas à l’épreuve l’hypothèse de la dimension étatique des rapports à l’école des parents et élèves. Enfin, les recherches consacrées aux rapports « ordinaires » aux institutions, si elles accordent une place déterminante aux ressources scolaires et culturelles, interrogent rarement la portée des pratiques et des représentations liées à la scolarisation sur les rapports à d’autres institutions. Ce dossier entend contribuer à ces questionnements en proposant d’étudier l’école sans oublier l’État et, réciproquement, d’interroger la portée de l’école lorsqu’on enquête sur l’État. L’enjeu plus général de ce dossier est ainsi de placer la socialisation à l’État et les usages sociaux des institutions publiques au cœur de l’analyse des rapports à l’école, pour saisir de quelle manière sont déterminés, construits et façonnés les rapports à l’ordre étatique, aux diverses institutions administratives et politiques qui composent l’État.
Cet article analyse précisément les pratiques électorales de trois femmes des classes populaires racisées en 2017. Mobilisant des observations dans le quartier et des entretiens répétés avant, pendant et après la séquence électorale, l’analyse localisée au sein d’un quartier très ségrégué restitue leurs votes contrastés dans leurs conditions de production en donnant à voir le poids des appartenances de classe, de genre et des rapports sociaux de race. Bien que ces trois femmes vivant dans le même contexte résidentiel votent pour des candidats politiquement très divers (des candidats du Front national à ceux du Parti socialiste), dans les trois cas, leurs positions relatives au sein des classes populaires locales, leur condition de femmes et leurs relations intra-familiales comme leurs appartenances ethno-raciales (et religieuses) sont intriquées pour expliquer non seulement leur mobilisation électorale statistiquement improbable, mais aussi la variabilité de leurs pratiques de votes qui est tendanciellement indexée à des rapports sociaux différenciés et conflictuels au sein du quartier.
Cet article introductif prend le parti de l’interdisciplinarité pour questionner à nouveaux frais la relation de représentation politique du point de vue des représenté·es. En prenant appui sur le renouveau constructiviste de l’analyse de la représentation en théorie politique, les auteurs proposent un regard de sociologie politique sur la réception des prétentions à la représentation par les groupes sociaux censés être représentés. Ancrant l’analyse dans le prolongement des controverses autour de la défiance politique des citoyen·nes et de celles relatives aux impensés des études sur le travail politique, ils suggèrent combien saisir le rapport des représenté·es à leurs représentant·es nécessite de s’intéresser prioritairement à leurs pratiques, soulignant les apports d’approches empiriques intensives à même de ne se pas se limiter à enregistrer des discours et des représentations. La mise en relation dans le dossier d’études de cas relatives à des groupes et contextes socio-spatiaux contrastés en France met en exergue des régularités dans les conditions d’identification à des représentant·es politiques et souligne comment diverses inégalités sociales, genrées et ethno-raciales se réfractent dans l’ordre politique. Au final, le sentiment de représentation semble davantage structuré par ce que font les représentant·es que par ce qu’elles et ils sont, ce résultat témoignant de l’intériorisation relative des cadres légitimes pour penser la représentation dans la société française.
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