En quoi la question de la sexualité est-elle importante dans la construction identitaire ? En quoi l'image du corps peut-elle déterminer la construction d'une identité sexuelle ? La fabrique d'un corps échappe-t-elle aux représentations de son temps ? Depuis le XVIIème siècle, la sexualité et les pratiques sexuelles sont l'objet et l'enjeu d'un discours scientifique qui détermine l'identité d'un sujet. Dans ses travaux, Michel Foucault étudie le discours sur le sexe qui établit historiquement le lien entre la sexualité, la subjectivité et l'obligation de vérité, une triade qu'il verse au compte de la psychanalyse comme héritière de cette scientia sexualis qui cherche la vérité au fond du sexe. La psychanalyse a-t-elle perdu le tranchant subversif de son geste qui invente la sexualité infantile polymorphe ?
Entrées d'indexMots-clés : psychanalyse, Foucault, corps, genre, identité sexuelle, normes
Texte intégralComme le rappelait Foucault qui n'a pas toujours critiqué Freud, l'invention de Freud s'est démarquée des théories de la dégénérescence, et à l'époque des Krafft-Ebing, des Kraepelin, des Morel, ce geste, notamment avec l'invention de la sexualité infantile, était véritablement subversif. Qu'en est-il aujourd'hui de ce geste subversif ? La subversion de ce geste peut-elle se prolonger aujourd'hui dans nos pratiques ? Les deux « piliers » de la civilisation, que Freud considérait comme les deux grandes énigmes de la vie psychique, à savoir la mort et la sexualité ainsi que les pratiques corporelles auxquelles elle donne lieu, ne laissent pas de faire scandale. Depuis le XVIII e siècle, la sexualité et ses pratiques, « cet obscur objet de désir », sont devenus objet d'un discours scientifique (médical, psychiatrique, juridique, politique) où le sujet est objectivé comme support de