En 1947, les Annales publiaient un article pionnier de Renée Doehaerd : « Au temps de Charlemagne et des Normands. Ce qu'on vendait et comment on le vendait dans le Bassin parisien » . Sous ce titre se cachait l'une des premières et des plus radicales contestations des théories d'Henri Pirenne sur l'économie domaniale fermée. En liminaire, on lisait une de ces lumineuses introductions dont Lucien Febvre avait le secret. Ces phrases, écrites il y a plus de trente-cinq ans, ont gardé tout leur sel et toute leur efficacité :... voici que Mme Doehaerd... bouscule bien tranquillement tout un petit Panthéon de vieilles idoles. Et d'abord, achève de mettre en déroute, de son point de vue qui est le point de vue de l'histoire, la vieille théorie de l'économie domaniale fermée qu'un homme de ma génération a vue conquérir le monde... comme une grande et séduisante nouveauté, et puis qu'il a vu contester, battre en brèche, circonscrire, démolir ; mais elle est si frappante, si séduisante, elle fournit, aux hommes qui veulent pouvoir substituer à l'infinie variété des faits la simplicité simpliste de la doctrine, de telles facilités, que, pendant bien longtemps encore, les économistes refuseront sans doute de l'abandonner ou ne le feront que du bout des lèvres, à regret.
Les transports à longue distance sont attestés dans le polyptyque de l'abbaye de Prûm sous la forme de deux prestations de services : Yangaria, charroi lourd de produits agricoles, en général des céréales ou du vin, et la scara, transport, à pied, à cheval ou en bateau de diverses marchandises ou objets de poids et de dimension minimes.
Scara et angaria obéissent à un plan d'ensemble, rendu indispensable par l'importance et la dispersion du temporel. Le surproduit global est centralisé à Prùm, après avoir été rassemblé, au niveau régional, dans des domaines-étapes. Il est indéniable qu'il fait l'objet d'une commercialisation. L'abbaye confie à certains tenanciers la vente de sel et de vin. Une partie des angariae et scarae est dirigée vers des centres urbains. Parallèlement, l'abbaye suscite l'apparition de marchés.
L'enquête menée montre la profonde interpénétration des économies domaniale et commerciale, des villes et des campagnes. Le recensement des mentions, après report sur la carte, permet de se rendre compte de l'extrême densité d'un trafic qui se fait sur terre comme sur eau, des forêts de l'Eifel au cours du Rhin, de la Moselle, du Main.
Most historians who have studied the medieval Ardennes have focused exclusively on royal and monastic properties, assuming that every early reference to land in the area is either to the property of royal monasteries or to fiscal land. Actually, the evidence from the region around Bastogne (Belgium), the centre of what would later be called pagus Ardennensis, shows that as early as the seventh century ‘private’ landowners were present and active in the area. This observation leads to a new reading of the rural economy and society, the formation of monastic property and the links between local and royal power in the early medieval Ardennes.
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