La séquence [exploration/exploitation] repose sur l’hypothèse d’émergence d’un dominant design ; on teste une grille explicative alternative en termes de patrimoines productifs collectifs par la méthode d’étude de cas. Le concept de bioraffinerie a été construit pour penser la transition vers l’usage de ressources renouvelables, dans un modèle de substitution terme à terme des produits pétroliers. L’étude montre que ce modèle ne produit pas le dominant design attendu alors que, précisément, il était destiné à le construire. En nous appuyant sur une démarche narrative, nous montrons l’existence de quatre patrimoines productifs collectifs, qui diffèrent à la fois sur les innovations économiques et environnementales.
Martino Nieddu est maître de conférences à l'université de Reims. Il est responsable du projet ANR « Une approche économique de l'intégration des dimensions socio-économiques et techniques dans les Programmes de recherche en chimie doublement verte », réf. ANR-09-CP2D-01-01 AEPRC2V, et coordinateur de cet article. (**) Estelle Garnier est doctorante en Économie à l'université de Reims.
Science et industrie, la chimie présente des caractéristiques propres parmi les sciences. Après plusieurs décennies de fragmentations internes, et d'influences prépondérantes de la physique et de l'ingénierie industrielle, la discipline académique et le génie des procédés semblent rechercher inspirations et ressources dans les sciences et techniques du vivant. Ainsi, confrontés aux impasses environnementales (ressources et pollutions) des industries chimiques, aux conceptions technologiques qui les sous-tendent, et aux critiques et réactions fortes qu'elles suscitent, les chimistes, scientifiques et ingénieurs ont trouvé avec les douze principes de la « chimie verte » une charte de bonne conduite, déclinée dans les publications et manifestations qui ont marqué l'année internationale de la chimie (2011). Mais qu'en est-il en réalité ?
La RédactionRésumé -La « chimie verte » est présentée par certains auteurs comme le nouveau paradigme de la chimie qui va lui permettre de répondre aux enjeux du développement durable. Nous discutons cette hypothèse en nous focalisant sur le domaine de l'usage des ressources agricoles pour la chimie (septième principe de la chimie verte). Après avoir rappelé la construction institutionnelle dont a fait l'objet la chimie verte, nous montrons que la chimie doit être appréhendée comme une discipline d'apprentissages orientés, les scientifiques cherchant à se lier à des « mondes de production » et à étudier les spécificités des ressources disponibles. Nous identifions ainsi une variété de voies technologiques organisées autour de patrimoines collectifs ayant à la fois une dimension productive et une dimension scientifique.Abstract -Green chemistry, a paradigm shift? "Green chemistry" is presented by some authors as the new paradigm for chemistry to meet the challenges of sustainable development. We discuss this hypothesis by focusing on the use of agricultural resources for chemistry (the seventh principle of green chemistry). Following a presentation of the institutional construction around green chemistry, we show that chemistry should be understood as a discipline characterized by goal-oriented learning, in which scientists seek to establish links with "worlds of production" and investigate the specificities of available resources. We identify a variety of technological pathways organized around collective heritages having both productive and scientific dimensions.
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