Après un rappel des migrations qui ont conduit les locuteurs des langues austronésiennes depuis le centre-sud de la Chine jusqu'aux confins orientaux de la Polynésie, cet article passe en revue, à partir de différents exemples archéologiques ou subactuels présents sur cet immense trajet, différents "marqueurs" des sociétés concernées. Les techniques (céramique et outillage lithique), les choix de productions et enfin les formes d'agrégation sociale permettent de discerner les grandes ruptures et continuités culturelles qui ont affecté les groupes de migrants. L'importante différenciation qui caractérise ces derniers est pour partie à mettre au compte de la nature "écologique" de ces sociétés, promptes à fusionner avec les milieux insulaires diversifiés qu'elles ont rencontrés, mais aussi à un fonctionnement spécifique associant une forte différenciation locale et une omniprésence des réseaux, l'enracinement et le maintien des possibilités de départ. Hors du champ linguistique qui est généralement le principal mobilisé pour l'analyse des migrations dans les archipels de l'Asie du Sud-Est et du Pacifique, l'article permet ainsi, indirectement, de questionner la pertinence d'une désignation des Austronesiens en tant que "groupe" et livre quelques indices pour la compréhension des évolutions divergentes entre Asie et Océanie.
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