Un mouvement pour une politique familiale au Québec a été créé dans les années 1960 par des associations familiales et des travailleurs sociaux d’agences privées dont les activités étaient remises en question par la création des systèmes publics de bien-être et d’éducation. L’article met l’accent sur les associations et les divers groupes d’intérêt impliqués ainsi que sur les contextes politiques qui ont favorisé l’émergence d’une action commune de revendication; il suit la transformation du mouvement sur trois décennies et la réalisation de certains objectifs. L’analyse historique du mouvement s’appuie sur les documents recueillis auprès de 17 des fédérations d’associations concernant leurs activités spécifiques et leur rapport au mouvement, ainsi que sur les études et rapports d’organismes gouvernementaux qui en furent les médiateurs au sein de l’appareil public, notamment les conseils consultatifs des ministères ayant la famille comme objet.
La recherche sur les enfants fut longtemps abordée à l'intérieur des domaines de la famille, de l'école, du loisir; seules la psychologie et les sciences de l'éducation considéraient l'enfant selon ses caractéristiques propres. Ce bilan sélectif de la recherche sociohistorique sur les enfants au Québec examine l'enfance à travers les études démographiques, historiques, ethnologiques, juridiques, sociologiques ainsi que les études sociales effectuées dans un contexte d'intervention. La multidisciplinarité de ce secteur de recherche sur les enfants, qui provient de la diversification des univers d'appartenance et d'expertise demande d'être complétée par des recherches explorant davantage le point de vue des enfants et par le recours à des approches mieux contextualisées de leur vie quotidienne et de leurs liens sociaux.For a long time, research on children tended to focus on the family, the school and recreation; only psychology and the educational sciences considered them in terms of their own characteristics. This selective overview of sociohistorical research into the children of Quebec examines childliood through demographic, historical ethnological, legal and social studies as well as through social studies carried out in an intervention context. The multidisciplinarity of this field of child-oriented research, which stems from the diversification of areas of inquiry and expertise, needs to be complemented by research exploring to a greater extent the perspective of the child and by recourse to a better-contextualized approach to the child's daily life and social network
L’octroi d’un nom au nouveau-né s’inscrit depuis longtemps au sein des rites d’accueil qui confèrent une identité à un nouveau membre en lui assignant des liens familiaux et sociaux. Jadis encadré au Québec par les rites religieux du baptême célébré dans les jours suivant la naissance, rite qui faisait office d’inscription civile jusqu’au milieu du XX e siècle, les choix d’un prénom et d’un nom de famille semblent aujourd’hui circonscrits dans la rédaction et l’envoi de la déclaration de naissance par les parents au cours du mois qui suit l’accouchement. En nous appuyant sur l’analyse qualitative des témoignages de 25 parents concernant le choix du prénom et du nom de l’enfant, ses moments et contextes, nous verrons que divers changements entourant la formation du couple, la transformation des rites familiaux et la sécularisation du cadre de nomination ainsi que les possibilités inédites de transmission de deux noms de famille, font du choix du prénom et du nom de famille, une activité symbolique d’attente de l’enfant et de construction du couple, où sont redéfinis par les sujets en interaction les liens de filiation et les liens généalogiques jadis prescrits par l’institution.
In Quebec, since the adoption in 2002 of the Act instituting civil unions and establishing new rules of filiation, same sex partners can be officially recognized as the parents of a child. They are invested with all the rights and obligations related to parentage and parental authority, including naming. From a qualitative analysis of interviews realized in 2014 in Quebec with 18 mothers and fathers in lesbian and gay couple relationships, this article examines the nomination processes of children born from gay or lesbian couples in terms of the modalities of entry into parenthood (biological, social, adoptive). Beyond innovations and specificities related to means of family formation where filiation is only partially or not at all rooted in biology and their categorization as same‐sex families, the name passed to the child is often considered by those parents as a means to consolidate “social” parental statuses and fraternal links.
au-delà des chiffres, des discours complexes entre égalité, identité et filiation laurence charton*, louis duchesne**, denise lemieux* et françoise-romaine ouellette* Depuis 1981, le Code civil du Québec, dans la foulée de la reconnaissance du principe d'égalité des parents, permet d'attribuer à un enfant soit le nom de son père, soit le nom de sa mère, soit les deux noms réunis. La personne qui a reçu un nom composé peut le transmettre en totalité ou en partie à son enfant, combiné ou non avec le nom simple ou une partie du nom composé de l'autre parent (16 possibilités). Cet article propose une réflexion sur cette réforme à travers son impact sur les dynamiques de transmission du nom, sur la base des statistiques postérieures à la nouvelle législation ainsi que de 25 entretiens autour de la naissance du premier enfant réalisés auprès de mères ou de pères d'enfants nés au cours de la période 2008-2013, incluant des parents porteurs d'un double nom. Cet article analyse, à partir des chiffres disponibles, une hausse de l'attribution du nom du père au cours des dernières décennies, succédant à une croissance du double nom dans les années 1980. Sans être généra-lisables, les entretiens suggèrent un accroissement de l'importance de la fonction connotative des discours entourant les processus de nomination, où s'entremêlent de façon complexe les enjeux de filiation, d'identité et d'égalité.English abstract p. 34
Tout en tenant compte du cadre global de changement dans les rapports sociaux de sexe et d'âge et de complexification des trajectoires de vie des femmes au cours des dernières décennies, cet article propose d'examiner les conceptions actuelles de la jeunesse et de l'âge adulte pour les femmes en privilégiant une approche phénoménologique qui permet d'aborder les âges de la vie par le biais des témoignages à partir de 29 récits de vie de femmes dans la trentaine provenant d'une enquête sur le désir d'enfant. Derrière un brouillage des seuils d'entrée à l'âge adulte et une diversification des scénarios de vie, l'analyse repère des stratégies distinctes d'articulation des trajectoires scolaires, professionnelles, conjugales et maternelles qui renvoient à des milieux spécifiques.Considering the general framework of changes in gender and age relations and taking into account those in life courses observed during the last decades, this article presents some contemporary representations of youth and adulthood in women's lives using a phenomenological approach to women's discourses. The 29 life stories of women aged 30 to 40 analysed here belong to a larger body of data gathered during a research on aspirations pertaining to procreation. Behind a diversification of life lines and transitions and a difficulty to find clear indices of entry into adulthood, the analysis finds distinct strategies of articulation between trajectories in schooling, professional activities and private life
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