Transmission des désirs infanticides dans les générations. Une articulation entre mythe et cas clinique

Suicide ou meurtre en famille ?

“…Comment rendre compte d'un tel retournement contre soi des voeux meurtriers chez le garçon au sein de la dynamique suicidaire ? Selon Houssier (2007aHoussier ( , 2007bHoussier ( , 2010, l'adolescent pourrait se voir porteur de la culpabilité paternelle liée aux voeux infanticides qu'il nourrit dans une indifférenciation avec la sienne propre, dans une analogie avec une identification à l'agresseur (ferenczi, 1933) mais aussi un processus mélancolique (Chabert, 2003), donnant lieu à un retournement contre soi. En effet, le pendant des voeux infanticides n'est autre que la culpabilité du parent, comme en rend compte le rêve du père veillant sur son fils décédé et dans lequel ce dernier lui adresse : « Ne vois-tu donc pas que je brûle ?…”

“…Si Houssier (2007Houssier ( -2010 avec Leclaire (1975) pour énoncer que le parent infanticide tente de tuer l'enfant qui représente une part de narcissisme projetée, il perçoit également la menace identitaire que l'enfant fait peser sur le parent quant à la construction d'une sexualité normo-adulte génitale, en impliquant une régression à un mode de satisfaction oral voire anal-oral, soit prégénital. Or, cette menace se verrait particulièrement actualisée par la traversée adolescente qui implique des allers et retours entre satisfactions prégénitales et génitales, ainsi qu'une fantasmatique autour du désir de tuer le père pour s'attribuer son pouvoir dans un entrelacs des fantasmes parricide et de pénétration anale par l'objet paternel censé insuffler la puissance virile, mais aussi de tuer l'enfant qui menace sa difficile conquête du masculin.…”

“…Les fantasmes infanticide-parricide qui circulent dans la relation père-fils s'inscrivent dans une transmission transgénérationnelle couvrant au moins trois générations, puisqu'à travers le fils c'est le père du père qui serait visé (Rosolato, 1969). de père en fils se transmettraient dès lors les désirs insatisfaits, notamment de toute puissance, et les failles narcissiques de la lignée paternelle, transmission traumatique, faisant retour dans une emprise du père tout puissant évoquant le père idéalisé de la horde (Houssier, 2007(Houssier, -2010. Par l'entremise de la sanction infligée par le père au fils, il s'agirait de consacrer la puissance illimitée du père préhistorique et ainsi de favoriser le processus d'idéalisation primordiale dans le lien homo-érotique qui doit se tisser entre père et fils (fréjaville, 1984).…”