Au printemps 2013, des centaines de milliers de personnes manifestent dans plusieurs villes brésiliennes pour dénoncer la hausse des tarifs du transport public dans un contexte d'augmentation des dépenses publiques consacrées à l'organisation de la coupe du monde de football. En octobre 2018, en France, le mouvement dit « des gilets jaunes » émerge en réaction à la hausse du prix des carburants liée à l'application d'une taxe sur le carbone et à la diminution du seuil de vitesse autorisée sur les réseaux routiers interurbains. Mi-octobre 2019, au Chili, un mouvement social d'une ampleur sans précédent depuis la fin de la dictature se déploie à la suite d'une augmentation de plus de trois pourcents des tickets de métro dans la capitale. Dans les trois cas, l'augmentation du coût des déplacements constitue l'élément déclencheur de la colère sociale. Les protestations dénoncent, entre autres choses, des mesures qui portent atteinte à la liberté de circuler et aggravent les difficultés quotidiennes dans l'accès aux ressources essentielles.Dans un monde globalisé où les circulations de personnes, de marchandises, de capitaux, d'informations constituent l'un des socles des économies capitalistes, une pluralité d'associations, de collectifs, d'organisations, de personnes réclame le respect ou l'extension des droits à la mobilité. Alors que la mobilité est devenue une condition indispensable de participation à la vie sociale, les inégalités face à la mobilité restent en effet très marquées, mettant à mal l'idée d'un droit de circulation universel pourtant affirmé dans les déclarations et constitutions nationales et internationales. Ces inégalités s'expriment à différentes échelles spatiales, sous des formes diverses d'atteinte à la liberté de circulation, de déplacements forcés, de pratiques de mobilité