Séparer ou périr : conception et pratique du couloir réservé à Paris (1960-1975)

Abstract

Pour faire face aux difficultés rencontrées par le réseau d’autobus parisien, notamment provoquées par l’augmentation de la congestion automobile, les pouvoirs publics, après diverses tentatives, ont adopté le couloir réservé à la circulation des autobus à partir du milieu des années 1960. Le succès de ce dispositif focalisa dès lors les sphères techniques et politiques qui le généralisèrent. Mais cet objet nouveau s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Concrétisant la priorité donnée aux transports en commun, il fut très rapidement ouvert aux taxis et ne permit finalement que de stabiliser la vitesse commerciale des autobus, non de l’améliorer. L’intérêt du couloir semble donc résider dans sa capacité à susciter le débat autour d’un mode quasi-oublié médiatiquement et à donner à l’autobus une infrastructure, dans un monde des transports publics dominé par la logique ferrée. l’augmentation de la congestion automobile, les pouvoirs publics, après diverses tentatives, ont adopté le couloir réservé à la circulation des autobus à partir du milieu des années 1960. Le succès de ce dispositif focalisa dès lors les sphères techniques et politiques qui le généralisèrent. Mais cet objet nouveau s’avère plus complexe qu’il n’y paraît. Concrétisant la priorité donnée aux transports en commun, il fut très rapidement ouvert aux taxis et ne permit finalement que de stabiliser la vitesse commerciale des autobus, non de l’améliorer. L’intérêt du couloir semble donc résider dans sa capacité à susciter le débat autour d’un mode quasi-oublié médiatiquement et à donner à l’autobus une infrastructure, dans un monde des transports publics dominé par la logique ferrée.

Les transports parisiens et les pouvoirs politiques : des conflits d’échelles, du métro au Grand Paris Express (XIXe-XXIe siècle)

“…Si le temps du national se traduit par des projets massifs, le réseau de surface devient également un sujet de préoccupation de l'État. Face à l'enlisement des autobus parisiens, la préfecture de police finit par suivre la demande de la RATP d'ouvrir des couloirs réservés à ses véhicules, le premier étant installé, en 1964, le long de la Seine (Passalacqua, 2008). Ambivalence supplémentaire de la politique nationale qui promeut l'automobile par de multiples infrastructures, mais sait aussi la canaliser lorsqu'il en va de la survie de services devenus presque marginaux.…”

Sécurité des piétons dans les rues équipées de couloirs réservés aux bus

“…Concernant les voies réservées aux bus aménagées à contresens de la circulation générale, il fut très tôt question des problèmes que pouvait soulever cette configuration pour la sécurité des piétons [1] [11] [12]. Passalacqua évoque les premiers accidents graves de piétons survenus à Paris après l'implantation des premiers couloirs de bus à contresens à la fin des années 1960 [12].…”

“…Passalacqua évoque les premiers accidents graves de piétons survenus à Paris après l'implantation des premiers couloirs de bus à contresens à la fin des années 1960 [12]. Par exemple, le 11 octobre 1967 survient le premier accident mortel d'une piétonne dans le couloir de bus à contresens de la rue de Rivoli.…”

“…D'autres accidents conduiront la municipalité à installer des barrières temporaires puis des chaînes le long de ce couloir à contre-courant. On compte à l'époque sur l'adaptation des piétons à cette innovation [1] [12].…”

“…Brownfield et Devenport recommandent l'usage de signaux sonores et des feux de jours pour les bus [6]. La mise en place de barrières entre trottoir et couloir de bus à contresens fait partie des premières mesures qui ont été mises en oeuvre [12], mais les effets de tels équipements restent mal connus.…”