Jean-Marie SANSTERRE LA SUBSTITUTION DES IMAGES AUX RELIQUES, ET SES LIMITES, DANS LA DIFFUSION DE LA VIRTUS DES SAINTS (ESPACE FRANÇAIS, FIN XIII e -XV e S.) * Un petit article publié en 2015 en complément d'un travail plus substantiel m'a déjà permis d'évoquer dans les Analecta Bollandiana 1 une recherche en cours dont j'aimerais présenter ici d'autres résultats basés sur un nouvel ensemble de textes. Cette étude de longue haleine est partie des vues pionnières d'André Vauchez sur la substitution des images aux reliques dans les derniers siècles du Moyen Âge. Dans son livre majeur sur la sainteté en Occident à cette époque et dans un article paru ensuite, A.Vauchez soulignait que les images des saints contribuèrent beaucoup à «dissocier le culte des serviteurs de Dieu du pèlerinage à leur tombeau». Il constatait «l'existence d'un transfert qui s'est effectué un peu partout en Occident, à des rythmes plus ou moins rapides selon les pays, entre le milieu du XIII e et celui du XIV e siècle, en vertu duquel l'image (…) prend la place des reliques et tend à accaparer leurs fonctions surnaturelles» 2 . À une époque où les miracles thérapeutiques avaient souvent lieu à distance du sanctuaire d'où rayonnait le culte 3 , l'existence de ce phénomène de substitution ne fait aucun doute 4 ; mais des recherches portant surtout sur des * Liste des titres abrégés, cf. infra, p. 106. 1 J.-M. SANSTERRE, Signes de sainteté et vecteurs de virtus dans les miracles posthumes du carme Albert de Trapani relatés aux XIV e -XV e siècles, in AB, 133 (2015), p. 433-441.