Nous remercions M. Georg Schmidt ainsi que la maison d'édition Philipp von Zabern de nous avoir accordé l'autorisation de traduire ce texte pour le présent numéro. Wir danken Herrn Georg Schmidt und dem Verlag Philipp von Zabern für die freundliche Genehmigung, diesen Artikel in französischer Übersetzung zu publizieren. 1 Le fait de savoir si le Saint-Empire romain germanique constituait un État est, en soi, une question peu stimulante, la réponse dépendant qui plus est des représentations fondamentales que l'on se fait de l'État. La recherche allemande, obsédée par le modèle de l'État national souverain, s'est accordée à penser pendant près d'un siècle et demi et en dépit de toutes les ruptures institutionnelles que l'Empire ne formait pas un État. En référence à cette tradition, l'introduction du concept d'« Empire-État complémentaire » 1 (« komplementärer Reichs-Staat ») * a mis en émoi 2 une partie de la communauté des historiens modernistes germanophones, tandis qu'une autre part accueillait avec sérénité ou bienveillance ce nouveau modèle interprétatif 3. On pourrait ce faisant et en s'appuyant sur l'historicité de la formation de « l'État » procéder à l'analyse de l'Empire à partir de divers modèles. Mais une telle approche n'est pas sans conséquences sur l'appréciation de l'histoire allemande dans son ensemble. Définir l'Empire comme État et nation bouscule sensiblement le « grand récit » traditionnel : l'écart par rapport à une voie réputée normale de l'histoire européenne a jusqu'à présent conféré au passé Le Saint-Empire moderne. Voie particulière et modèle pour l'Europe ou bien Ét...