Il semble que la prise de parole poétique en Acadie et en Ontario français au cours de la longue décennie 1970 (1968-1985) ait marqué l’imaginaire acadien et franco-ontarien au point de s’instituer, dans le discours, en mythe fondateur. Cette prise de parole poétique a effectivement permis de tracer les contours d’une nouvelle manière de dire les identités acadienne et franco-ontarienne en les inscrivant dans un mouvement qui dépassait les limites d’un ici folklorique pour entrer dans une modernité plus largement planétaire. Les caractéristiques de cette parole ont été célébrées au point d’établir une grille de lecture identificatoire qui occulte une part de la production littéraire. Il en va ainsi de l’écriture des femmes, plus intimiste, et des générations d’écrivains et d’écrivaines qui arrivent à l’écriture au tournant du 21e siècle. Le présent article s’interroge sur le traitement de cette part occultée par l’étude du discours critique en Acadie et en Ontario français et, plus particulièrement, sur l’ombre jetée par l’oeuvre des poètes de la longue décennie 1970.