Profils types des salariés du secteur privé : approche par une classification des carrièresKarine Briard -Economie et Prévision n°180-181, 2007/4-5 Les croisements de cette typologie avec des stratifications plus « classiques », par condition d'emploi, catégorie sociale et secteur d'activité, fournissent plusieurs éléments illustratifs de cette polarisation : en 2000, moins de 45 % des salariés du groupe 4 occupaient un emploi à temps complet, 92 % des salariés du groupe 7 ; les deux tiers des premiers étaient employés, les deux tiers des seconds appartenaient à
la catégorie des «Professions intermédiaires » ou étaient cadres ; enfin, les premiers étaient sous représentés dans les secteurs offrant les meilleures rémunérations (Énergie, Activités financières et Industrie de biens intermédiaires et d'équipement), alors que les seconds y étaient majoritaires.Au fil des générations, la progression des salaires au cours de la carrière s'est peu à peu infléchie. Mais si, entre 20 et 40 ans, les salariés du groupe 7 ont pu conserver une croissance de leurs salaires de plus de 6 %, les revenus annuels des salariés du groupe 4 qui croissaient de 2,3 % pour les générations 1935 à 1940, ne font plus que rester constants pour ceux nés dans la seconde moitié des années cinquante ; en cause : l'allongement et la multiplication des périodes de chômage et le développement des emplois flexibles (Cdd, intérim, temps partiel).
Les transformations du marché du travail des dernières décennies déforment les profils de carrière et en modifient la représentativité. Le suivi de la typologie au fil des générations témoigne ainsi de la persistance d'un noyau dur de carrières continues, longues et à salaires élevés (de l'ordre de 20 % des assurés), et d'une part croissante des carrières précaires, aux salaires faibles, marquées par des périodes de chômage à des âges de plus en plus jeunes ; ces dernières prenant le pas sur les carrières les plus courtes pour lesquelles les interruptions d'activité relèvent plus probablement d'un choix que d'une contrainte.À défaut de disposer de données détaillées pour des salariés nés dans l'Entre-deux-guerres, il reste difficile de dire si le modèle de la carrière continue de la sortie des études à la retraite a jamais été dominant. Les parcours suivis par les assurés nés entre 1935 et 1940 ne répondaient déjà plus à ce schéma, mais ils n'en déviaient qu'à l'approche de la retraite. La montée du chômage et le développement des formes flexibles d'emploi des dernières décennies ont mis en exergue une bipolarisation entre, d'une part, des carrières précaires au profil salarial peu croissant et, d'autre part, des carrières continues aux progressions salariales plus soutenues. Pour les générations de l'après baby boom, le modèle de la carrière longue et continue du salarié du secteur privé ne s'oppose désormais plus à celui d'une carrière brève où le retrait du marché du travail s'effectue précocement, mais à des parcours parfois plus longs et toujours plus discontinus. Dans cette évolution, le parcours des ...