Le tourisme et la rencontre de l'autre. Voyage au pays des idées reçues

Abstract

Résumé L’idéologie dominante ne confère qu’au seul voyage la capacité de rencontre avec l’autre, reléguant de manière implicite la pratique touristique à une non-rencontre ou à une rencontre de moindre qualité, sauf dans les rares cas de « tourisme intelligent ». On défend ici l’idée selon laquelle le tourisme permet bien la rencontre. En effet, les pratiques des touristes expriment un certain rapport à l’autre, induit par la combinaison de deux phénomènes : la recréation et le déplacement, par lequel on associe des lieux autres à des pratiques du hors quotidien. Le tourisme est créateur de conditions propres visant à réduire cette altérité ou à en atténuer les effets. Les lieux et produits touristiques (clubs de vacances, et plus généralement formules standardisées) peuvent alors être relus comme des modèles de production / atténuation d’altérité et non pas seulement comme des vecteurs d’uniformisation et de banalisation à l’échelle mondiale. La question du lien entre altérité et tourisme permet donc de circonscrire une manière spécifique d’être avec l’autre, définissant autant le tourisme par rapport à d’autres formes de mobilité que d’autres formes de rencontre avec l’altérité.

Marges et périphéries des routes touristiques et des itinéraires culturels : quelles interspatialités ?

“…Les routes sont ici des périphéries de l'espace forestier dont elles proposent un condensé. Dans tous ces cas, les RTIC fournissent les conditions géographiques d'un co-habiter (Ceriani et al, 2008) qui légitime l'espace protégé. La substance sociale est bien sûr complètement redevable de ces interspatialités.…”

“…La traversée singulière de l'espace touristique, autant que sa réitération selon des modes jamais vraiment semblables, produit des assemblages spatiaux dans lesquels les individus et les groupes sociaux « prennent place » pour reprendre un prisme développé par Lussault (2009). C'est bien l'habiter, soit, en reprenant les pistes défendues par Frelat-Kahn et Lazzarotti (2012) ou par Stock (2004Stock ( et 2006, le « rapport à l'espace exprimé par les pratiques des individus », qui contextualise les mobilités touristiques dans l'espace (Ceriani et al, 2008). L'ensemble des mobilités concernées et les architectures topologiques des RTIC ne sont donc pas à étudier comme telles.…”