Le « poor white trash » ou la pauvreté odieuse du blanc américain

Abstract

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Caillera, blanc et pédé : une figure trash dans trois films de Lionel Soukaz

“…Dans un article intitulé « Le ‘poor white trash’ ou la pauvreté odieuse du blanc américain », Sylvie Laurent (2009) dresse une courte histoire de cette population particulière, à savoir celle du blanc pauvre, souvent rural ou périurbain, appartenant par sa couleur à un groupe social « destin[é] à prospérer » et pourtant marqué du sceau de l’impureté, de l’infréquentabilité, de « la honte sociale dont il faut se prémunir » (2009 : 81). Laurent retrace une histoire longue, qui débute plus ou moins au XVIIIème siècle.…”

“…Le blanc pauvre, figure honnie du sud de l’Amérique, est le descendant des brigands, des criminels déportés sur le nouveau continent, le vagabond alcoolique et licencieux. Sa figure se constitue dans son rapport à la race : blanc, il n’en est pas moins jugé comme « culturellement autre », « pollué » par son métissage culturel (2009 : 81). Les bourgeois le dédaignent, leurs serviteurs noirs également.…”

“…Ce que montre Laurent, c’est que ces mêmes bourgeois organisent leur domination autour de cet ethnicisme blanc. Citant le sociologue David Roediger, elle explique que les classes aisées entretiennent la négrophobie des blancs pauvres, la constituant comme une stratégie de réintégration sociale : en leur délivrant ce petit sentiment de supériorité sur les noirs, elles évitent toute rébellion des poor white trash (cité par Laurent, 2009 : 85). Le rapport de classe est ici racialisé et ethnicisé.…”

“…Ainsi, aux États-Unis, l’expression poor white trash désigne ouvertement des populations blanches marginalisées, dont la situation de déclassement économique et social est telle, qu’elle annule les privilèges normalement accordés par leur blanchité (Dyer, 1997 ; DuBois 2005 [1920]). Dans un contexte de racisme systémique et d’hégémonie blanche (Cervulle, 2010 : 49), ces populations pauvres font figure d’anomalie puisqu’elles sont frappées d’un rejet qui les rend, aux yeux des classes dominantes blanches, plus infréquentables que les populations racisées (Laurent, 2009).…”