La pratique clinique en hôpital public suppose la rencontre avec des sujets dont l'insertion dans le social, comme la situation économique, sont fragilisées, précaires, voire radicalement compromises -et ce, d'autant plus quand l'institution possède une identité historique « d'hôpital refuge » (CHU St-Pierre, Bruxelles, Belgique). On y rencontre une clinique de l'errance, de l'isolement, de l'exil, de l'illégalité, de la toxicomanie, de la négligence du corps : une clinique de la désinsertion sociale sous toutes ses formes. Du point de vue de la psychopathologie, il est patent que l'on y rencontre une clinique variée, y compris des psychoses, décompensées ou « ordinaires », antérieurement saisies par la psychiatrie ou évoluant « à bas bruit » (au point de vue social, si pas pour le sujet lui-même), en marge d'une insertion sociale toujours problématique. Dans ce contexte de travail, en service d'hémato-oncologie, notre recherche met à l'épreuve de la clinique la pertinence d'une approche différentielle (psychose/névrose) pour saisir ce qui est en jeu pour un sujet aux prises avec un diagnostic de maladie cancéreuse. Nous présentons ici notre orientation théorico-clinique, psychanalytique et différentielle, ainsi que les modalités de notre recherche, en focalisant sur la clinique des schizophrénies par le biais d'une présentation de cas. Pour citer cette revue : Psycho-Oncol. 4 (2010).Mots clés Hémato-oncologie · Précarité psychosociale · Psychose · Névrose · Approche différentielle Abstract Current clinical practice in public hospitals presupposes that encountered patients are often not included in a social network, with a poor, weakened, or even completely compromised economic background. It is mainly the case of institutions that bear a historical identity of "refuge hospital" such as our University Hospital Centre St-Pierre, Brussels, Belgium. We find patients who are isolated and/or exiled; in addition, illegal situation, drug addiction, and general negligence are frequently found in their history. These clinical patterns have been thus wholly removed from the social services that have been intended to provide. From a psychopathological point of view, it is patently clear that we see clinical variations, including psychosis (acutely progressive or well-compensated psychosis), that were previously handled by psychiatry or with a smoldering evolution (via social services, and sometime by the individual himself) as a problematic limiting factor from social integration point of view. In a work context, within the service of hematooncology, our research puts clinical practice to the test with a differential approach (for psychosis and neurosis) to attempt to identify variables following diagnostic practices in cancer patients. We present our theoretical and clinical orientation, from psychoanalytical and differential perspectives, as well as our methodology focusing on schizophrenia through the presentation of case studies. To cite this journal: Psycho-Oncol. 4 (2010).