PERSPECTIVES CRIMINOLOGIQUESL a criminologie s'intéresse à la transparence des normes, mais aussi à leur création et à leur application selon un point de vue qui lui est propre. Dans ces différents domaines, la collection Perspectives criminologiques vise à contribuer à une meilleure connaissance de la personne, de la société et des rapports qu'elles entretiennent. La violence peut se faire dévastatrice de la société, des individus et des groupes qu'ils forment. Elle semble au coeur du social mais encore au centre de nos vies, au point de s'y confondre et d'en orienter l'histoire. Elle touche au moi profond, participe à orienter les choix, montre son visage dans la maladie, la misère et la mort ; elle colle à la culture, à la technique, à la science comme aux mythes ; elle est loin d'être étrangère aux idéologies et aux institutions qui, du même coup, apparaissent des instruments pour nous rassurer. Les réalités que permet d'appréhender la violence traduisent les soucis de l'heure. L'un de ces soucis se rapporte aux jeunes comme entité particulière et distincte. La « crise de l'adolescence » qui serait admise par tous tend à se traduire, aujourd'hui, non plus en termes d'une période diffi cile, mais en termes de violence qui peut couvrir plusieurs périodes. La « violence des jeunes », cette expression maîtresse, évacue en partie cette autre vision moins dramatique en un sens, plus favorable à la médecine de l'esprit et à la connaissance de cette dite période critique que serait l'adolescence. Parler de violence, c'est souvent parler de méchanceté, de cruauté, c'est condamner avant de « comprendre ». C'est peut-être vouloir dire libre arbitre au lieu de déterminisme, coercition avant traitement, punition au lieu de soin. Le glissement vers une version dramatisée des jeunes ne se distance pas seulement de cette autre version du « développement psychologique » du jeune ; elle INTRODUCTION 2 | Le piège de la violence et les jeunes semble ignorer quasi complètement la situation dans laquelle le jeune se retrouve, à savoir une situation socio-économique propice au développement des problèmes de catégorisation, de différenciation et d'exclusion. Ces phénomènes semblent souvent prendre forme grâce aux médias qui contribuent à jeter le discrédit sur les jeunes. Toutefois les médias ne font peut-être que parfaire, de façon stéréotypée, une image qui commence à se former bien avant.
LES PRESSES DE L'UNIVERSITÉComprendre cette « violence des jeunes » n'est donc pas seulement tenter de comprendre le « mal » que feraient ces jeunes. C'est chercher à voir comment on a pu traduire leur agir comme étant le mal pour ensuite classer ces jeunes et possiblement les exclure, ce qui en soi peut s'avérer une violence toute particulière, une violence marquée en partie par la recherche de sécurité. La violence a ainsi deux aspects importants : un aspect qui apparaît facilement comme mal, un autre qui se dissimule derrière de vieux procédés, si vieux parfois qu'ils apparaissent se fondre à la nature même des choses.La violence ne peut êtr...