La Critique Sensualiste a L’Encontre Du “Discours Sur L’universalite De La Langue Française” D’Antoine De Rivarol

Abstract

Lorsque FAcademie des Sciences de Berlin mit au concours pour l'annee 17841esujet "Qu'est-ee qui a rendu la langue française la langue universelle de l'Europe? Par ou merite-t-elle cette prerogative? Peut-on presumer qu'elle la conserve? ", une reponse se fondant sur la theorie rationaliste du langage semblait s'imposer. Quelle these aurait pu mieux justifier le role universel du français, sinon celle de sa concordance avec les lois de la raison universelle?De plus cette these avait Favantage de tenir compte de Fheritage rationaliste que Leibniz -son projet d'une langue universelle artificielle est dument mentionne par Rivarol -et Christian Wolff avaient legue à la science allemande. Et de fait, dans les deux ouvrages qui se partagerent le prix de FAcademie de Berlin, le 'Discours' de Rivarol et la dissertation nettement plus etendue de Johannes Schwab, Fordre naturel du francais et sa concordance avec la raison sont les pieces maîtresses de {'argumentation; argumentation qui d'ailleurs avait fait ses preuves depuis plus de deux siecles.Dès le XVJ e siecle la concordance du type le plus usuel de la phrase francaise avec Yordo naturalis de la theorie scolastique -sujet, verbe, objetavait permis la naissance de la doctrine de l'ordre naturel du français. Le XVII e siecle ne tarda pas a faire du rationalisme cartesien un soutien des postulats de

De l'« universalité » européenne du français au XVIIIe siècle : retour sur les représentations et les réalités

“…: 106). (Ricken 1974 ;Storost 1994 ;Haßler 2001) le confirment : il nous faut entièrement revoir l'histoire du concours de Berlin. On sait par exemple (Storost, 1994 : 432) que le prix avait été à l'origine destiné au seul J.-C. Schwab, dont le mémoire est à l'évidence supérieur, et que ce n'est qu'une intervention personnelle du prince Henri, frère de Frédéric II, qui amena cette situation d'ex-aequo.…”