L'évolution de la consommation et du trafic de drogues illicites à Rio de Janeiro

Abstract

Notre exposé fera un bref rappel historique du processus de criminalisation des drogues illicites au Brésil, en ayant la ville de Rio de Janeiro comme référence. Les données sur l’évolution des consommations et du trafic seront confrontées à l’évolution de la législation en matière de drogue, de plus en plus répressive. Nous présenterons ensuite un bref bilan empirique des évolutions récentes en matière d’usage de drogues licites et illicites au Brésil. La consommation et en particulier le trafic de drogues sont associés, au Brésil, à un niveau de violence sans précédent en Europe ou aux États-Unis. Ainsi, on évoquera les effets de l’augmentation de la consommation et du trafic sur d’autres sphères de l’État et de la société. L’effet le plus important, comme le démontrent plusieurs études, est l’accumulation de conflits violents dans le contexte des marchés illicites. Les solutions de force employées dans ces conflits ont fait augmenter, depuis les années 1980, les taux d’homicides à Rio de Janeiro et dans plusieurs autres villes du Brésil. Jusqu’en 1976, la législation brésilienne en matière de drogue ne distinguait pas le consommateur du dealer. Ce n’est que depuis l’année 2006 que la législation préconise cette distinction de manière efficace, en n’ayant plus recours à l’incarcération des consommateurs et en adoptant une politique, quoique timide, de réduction des méfaits. En contrepoint, l’actuelle législation concernant la productionet le trafic de drogues est beaucoup plus répressive que la précédente.

The Social Accumulation of Violence in Brazil: Some Remarks

“…Since the 1990s, my studies have focused on articulating the criminal subjection to the illegal markets in regions of urban poverty, to political merchandise and to violent police repression, to understand the social accumulation of violence in Rio de Janeiro. 21,22 To understand why the Rio de Janeiro justice system is not able to solve 90% of the homicides in the city and state each year is what we are studying now. I suspect that this is also linked to criminal subjection, to the degree to which a large portion of the victims of these homicides have the same profile as the potential criminals and to solve their murders, when society was already indifferent about their lives, is of no interest to the police or to society as a whole.…”

La décriminalisation de la possession simple de l’ensemble des drogues : ses limites

“…Par conséquent il revient aux autorités policières ou judiciaires de décider ce qui en est(Brown, 2008). Si on décide que c'est du trafic, alors là on se retrouve avec des peines encore plus sévères dans cette loi qu'auparavant, ce qui fait écho aux autres pays Amérique latine(Vargas et Misse, 2008). Une étude sur les quatre années qui suivirent cette réforme montre que les décisions sur ce qui constitue une consommation personnelle ou une culture sans but lucratif pour usage personnel varient énormément selon les juges et que 60 % des infractions pour trafic de drogues à Rio de Janeiro demeurent des petits vendeurs individuels qui ne sont membres d'aucune organisation(Boiteux, 2011).…”