L’enquête de terrain en sciences sociales des religions

Abstract

L'enquête de terrain en sciences sociales des religionsLa démarche ethnographique repose sur un certain nombre de principes méthodologiques. L'enquêteur y adopte une posture d'apprentissage des codes sociaux et s'immerge au sein du milieu social qu'il entend comprendre et étudier. Il pratique l'observation participante tout en prenant en considération la « place » que le collectif lui a progressivement attribuée. Laurent AMIOTTE-SUCHET* montre que, dans l'étude des faits religieux, une telle démarche in situ s'avère particulièrement fructueuse pour comprendre ce qui est réellement en jeu derrière les discours dogmatiques et les pratiques rituelles conventionnelles. Mais cela suppose, pour le chercheur, la mise en oeuvre d'un véritable agnosticisme méthodologique questionnant à nouveau les notions mêmes de « pratiques » et de « croyances ».Observateur observé, sujet-objet agissant et agi, le chercheur est, à l'instar de ceux qu'il étudie, un individu collectif dont les représentations évoluent dans leur interaction avec celles des sujetsobjets de son étude 1 .

Se lever pour Vigiles. Tenir le coup pour vieillir et mourir au monastère

“…Nous collectons également des sources écrites comme les Règles ou les Conventions des Ordres respectifs. Vivre dans les espaces privés (cuisine, atelier de production, bibliothèque, jardin, réfectoire, chapelle), c'est-à-dire à l'intérieur de la clôture, est une chance de pouvoir faire varier les observations afin de percevoir ce qui se vit au-delà des discours (Foley, 2016a ;Amiotte-Suchet, 2018), d'observer la vie communautaire « en train de se faire » (Piette, 1999). Et, de fait, le quotidien qui se donne à voir comme immuable a changé 7 , notamment sous la pression de la moyenne d'âge 8 qui, dans la plupart des monastères, tend à augmenter, alors que la fin de vie et la mort vont offrir la possibilité d'une scénographie de la permanence.…”