Le développement de la morphologie verbale d'une L2 est devenu un des sujets principaux de la recherche sur l'acquisition des langues étrangères. Il est possible de distinguer deux approches majeures à la question de l'acquisition de la morphologie verbale : une approche orientée à l'étude de l'acquisition des valeurs verbales et une seconde approche orientée à l'étude de l'acquisition des formes. Dans la première approche, le signe qu'une catégorie verbale est acquise est l'utilisation des marqueurs appropriés. Le problème qui se pose si l'on applique cette approche à la conjugaison orale française est que la majorité des changements catégoriels est exprimée par un changement de base dans une forme à flexion zéro.Dans le cadre de l'approche orientée vers l'étude de l'interaction forme-valeur, les travaux se sont concentrés sur l'acquisition de l'accord verbal au présent à l'oral et à l'écrit. Il a été montré que les apprenants du FLE acquièrent plus rapidement le marquage par une flexion prononcée alors que la réalisation correcte des différences catégorielles exprimées par un changement de base (à l'exception des auxiliaires) est mise en place plus tardivement (Ågren, 2005 ;Bartning, 2004 ;Granget, 2005 ;Hedbor, 2005 ;Schlyter, 2005 ; Nouveau, 2007). Cependant, la variation des bases verbales en français ne se limite pas au marquage au présent. Aussi, la variation des bases verbales peut-elle devenir source d'erreurs dans la production des formes personnelles, temporelles et modales au cas où la flexion est bien sélectionnée. En effet, Debrenne (2006) a observé les erreurs sur la base dans un plus large éventail de formes verbales : à part l'accord au présent, les erreurs sur la base sont répertoriées pour le futur simple, le participe passé et le subjonctif.D'autre part, il a été montré que la fréquence est un facteur influençant fortement l'acquisition et la production de la morphologie verbale en L1 et L2 (voir Ellis, 2002 pour une revue).Malgré les avancées dans ces deux sujets de recherche, aucune étude, à notre connaissance, n'a cherché à observer l'acquisition d'un large éventail de bases verbales du français en relation avec les fréquences des formes et des bases verbales dans l'input des apprenants.
Système de conjugaison du verbe françaisNous présentons l'analyse qui a servi de fondement linguistique de notre recherche. Nous avons adopté ici la description de la conjugaison de Boyé (2000) qui se caractérise par une orientation vers l'oral et la mise en relation des bases verbales. Une des hypothèses principales de cette analyse est la maximisation de la base afin d'aboutir à l'identité des flexions orales pour tous les verbes. Ce choix suppose une plus grande importance de la supplétion des bases mais évite d'utiliser la notion du groupe de conjugaison.Le paradigme d'un verbe est constitué, selon Boyé (2000), de 12 groupes de formes (Tab. 1). Dans la conjugaison d'un verbe donné, les formes d'un groupe utilisent toujours la même base. Par exemple, pour les formes du groupe « imparfait, présent 1&2pl....