Le trigramme introduit par Bernardin de Sienne dans ses sermons en 1418 ; un phonographe au coeur d'un rituel abakua afro-cubain à Philadelphie en 1908 ; une horloge à pendule apportée dans la première colonie pénale australienne en 1788 : trois objets parmi d'autres abordés dans ce volume, sans rapport apparent entre eux mais qui se situent tous à l'intersection des techniques, des savoirs et des croyances Ce dossier, dirigé par deux historiennes (Charlotte Bigg et Marie-Anne Polo de Beaulieu) et trois anthropologues (Stefania Capone, Nathalie Luca et Nadine Wanono), reprend les questionnements développés à l'occasion de plusieurs colloques organisés au sein du programme « Les techniques du croire et du faire croire » du LabEx HaStec 1 Informées par une diversité de courants historiographiques et portant sur des objets très variés, les contributions rassemblées ici se rejoignent cependant sur une série d'hypothèses communes Nous partons d'abord du postulat que croire, faire croire, savoir sont (aussi) des opérations matérielles, physiques, qui dépendent de dispositifs techniques dont l'efficacité n'est pas donnée a priori mais dépend du contexte de leur interprétation et de leurs usages Nous nous sommes ainsi attachées à répertorier certains dispositifs techniques, à en observer les utilisations parfois contradictoires, les limites, les réappropriations éventuellement antagonistes, les transformations en fonction des publics concernés Nous supposons que, de tout temps et en tous lieux, des objets, des instruments et des techniques plus ou moins sophistiqués, séduisants, fascinants, ont guidé des visions du monde dans ses dimensions historiques, cognitives, spirituelles et matérielles, visions qui restent parfois hors de portée des sens, mais jamais au-delà de l'imagination À l'instar de l'imago théorisée par Jean-Claude Schmitt (Polo 1 Porté par l'EPHE et dirigé par Philippe Hoffmann, le LabEx HaStec (« Histoire et anthropologie des savoirs, des techniques et des croyances » (https://labexhastec-pslephefr/) s'est organisé de 2011 à 2019 autour de sept programmes collaboratifs Ce volume est issu des travaux du programme n o 3, « Les techniques du croire et du faire croire », coordonné par Nathalie Luca