Les auteures montrent en quoi la langue maternelle s’inscrit dans la construction identitaire et donne le sentiment d’appartenir à un groupe. Dans l’accueil de patients traumatisés, l’usage de la langue maternelle, lieu de transmission de trauma, permet au patient d’extérioriser les émotions de manière différenciée, du fait du sentiment d’affiliation qui permet le partage des théories étiologiques et des implicites culturels. Les interprètes contribuent à cet environnement sécurisant en assurant la fonction d’informateur culturel. La langue maternelle et le recours aux interprètes agissent donc comme des leviers thérapeutiques, médiatisant le rapport du patient avec son trauma mais laissant le traducteur et le clinicien face à un trop-plein, un potentiel traumatisme vicariant qu’il faut les aider à gérer.