Ces dernières années en Europe, le durcissement des politiques migratoires, le Brexit, la pandémie de COVID-19 et la guerre en Ukraine ont contribué à renforcer la tension entre liberté de circuler et contrôles aux frontières. Ces grandes dynamiques tendent à faire oublier que dans des contextes pacifiés, la vie des populations frontalières s’organise de façon plus discrète en relation constante avec le pays voisin. C’est à ces populations que se consacre cet ouvrage, fruit d’une enquête sociologique de grande ampleur réalisée dans les territoires urbains et frontaliers genevois, lillois et basque. Il s’intéresse à leurs pratiques quotidiennes, à leur rapport à l’espace et aux voisins, ainsi qu’aux tensions et aux inégalités qui les traversent, soit l’ensemble des éléments qui participent de la formation de ce que les auteurs qualifient de «sociétés frontalières». Cette étude met en lumière aussi bien la banalité que la singularité de ces sociétés, dont les représentations et les comportements désavouent certains préjugés quant à leur composition et leurs relations sociales.