Nous revenons ici sur les trois tentatives de Durkheim pour obtenir une chaire de sociologie au Collège de France : 1897, 1900 et 1905. On essaie de saisir les raisons de ces échecs, en insistant sur les soutiens qui avantagèrent ses concurrents (Izoulet, Tarde, Bergson) ou la grande proximité de ceux-ci avec les réseaux du Collège (Jullian). Symétriquement, Durkheim bénéficia, pour son élection à la Sorbonne (1902), d’alliances et d’appuis exceptionnels au sein d’une commission plus philosophique et largement dreyfusarde. Le parrainage de Buisson – qui le voulait personnellement à sa suppléance – fut évidemment déterminant. Cette étude met en avant la composition de ces commissions et la présentation d’Izoulet, de Tarde, et de Bergson comme des éléments essentiels pour comprendre ses trois échecs et son succès. Pour conclure, un exercice d’uchronie tente de savoir ce qui se serait passé pour l’histoire de la sociologie si Durkheim avait été élu en 1897 au Collège de France. Tous mes remerciements vont à Antoine Compagnon et Pierre-Michel Menger, Céline Surprenant, pour leur invitation à participer au colloque de juin 2019 sur « Durkheim au Collège de France ». Ils vont également à Christophe Labaune qui m’a toujours facilité l’accès aux archives du Collège, et à Patrick Henriet et Rafael Faraco Benthien pour leurs avis sur les votes putatifs des membres des commissions de 1902 et 1905.