L' écosystème forestier constitue l'habitat d'une certaine faune sauvage, qui fait dès lors partie intégrante de cet écosystème ; même si, pour partie, la forêt est surtout un refuge -cas des cervidés, « obligés de vivre » en forêt, « obligés de s'y réfugier » (Bourgenot, 1974). Pourtant, cette faune sauvage peut aussi nuire à cet écosystème, en exerçant une pression trop forte, notamment sur la composante végétale, entre autres parce qu'elle lui permet de s'alimenter, et la question de la compatibilité de la faune sauvage avec la forêt se pose alors. Mais la présence de cette faune peut aussi être encouragée, surtout si elle est l'objet de pratiques de chasse. La forêt et le gibier apparaissent ainsi comme « deux formes de mise en valeur […] apparemment contradictoires » (Fol, 1961). Quoi de mieux qu'un domaine de chasse pour étudier les relations entretenues entre l'une et l'autre ? Le Domaine national de Chambord, situé aux marges de la Sologne, constituera ainsi le terrain analysé dans cet article. En effet, connu pour son château Renaissance, Chambord est aussi un domaine national de 5 400 hectares, cernés par 32 km de murs datant du XVI e siècle comme l'édifice central. À l'intérieur de ce domaine, outre le château, sont inclus un village, des fermes et surtout une forêt, faisant de Chambord le plus vaste parc forestier enclos d'Europe. Dès son origine, il est un lieu dédié à la chasse et, en tant que réserve nationale de chasse depuis 1947, il abrite toujours une importante faune sauvage. Dans cet article, nous nous focaliserons sur les impacts de la grande faune sur l'évolution de la forêt de Chambord, en l'occurrence ceux des ongulés sauvages, qui sont l'objet de pratiques cynégétiques. Après avoir exposé le cadre, les sources et les méthodes utilisées, nous analyserons les dynamiques forestières au sein du domaine depuis le XVI e siècle, en nous fondant sur des sources spatialisées. La troisième partie sera l'occasion de préciser ces évolutions, en les confrontant à des témoignages de forestiers, notamment celui du premier garde qui a marqué le domaine au milieu du XX e siècle et qui raconte une autre histoire.
IDENTIFIER LES RELATIONS FAUNE SAUVAGE ET DYNAMIQUES FORESTIÈRES : CADRE, SOURCES ET MÉTHODESLes éléments présentés dans cet article sont issus de recherches menées dans le cadre d'un projet interdisciplinaire (CoSTAuD : « Contribution des ongulés au fonctionnement de l'écosystème et aux services rendus à Chambord ») qui, financé par la région Centre-Val de Loire et porté par a université de Tours, uMR CITERES,