On se perd facilement dans la question multi-dimensionnelle des agences européennes. Une tentative de synthèse de la littérature de plus en plus importante produite dans ce domaine donne à voir une évolution en trois temps :-dans un premier temps, la discussion s'est focalisée sur l'autonomie des agences. Il s'agissait en particulier d'assurer celle-ci par rapport aux forces du marché intérieur.-dans un second temps, lorsque des agences sont apparues dans le cadre de l'espace de liberté, de sécurité et de justice (ELSJ), le débat a évolué vers leur responsabilité en raison du fait qu'il s'agit de gérer un espace dans lequel les droits des individus sont fréquemment en cause. Pas leur responsabilité juridique, mais une responsabilité entendue dans un sens beaucoup plus large par les politologues. Cela a amené à utiliser le terme de redevabilité d'un point de vue politique, administratif et financier par rapport aux organes politiques de l'Union européenne que sont la Commission, le Conseil et le Parlement.-dans un troisième temps, on en revient à un débat sur l'autonomie des agences, mais cette fois par rapport aux institutions européennes et surtout par rapport aux États membres. Outre Frontex, cela concerne la réforme du Bureau européen d'appui en matière d'asile qui est en cours.Le fil rouge de cet exposé se rapporte à l'évolution de Frontex vers un Corps européen de garde-frontières. On voit d'ailleurs cette agence apparaître à plusieurs endroits du programme comme un leitmotiv. L'élément le plus frappant au premier abord concerne l'importance des pouvoirs qui lui sont accordés (I). Il convient cependant de mesurer celle-ci à l'aune de leur statut organique qui renvoie au débat sur la nature des agences (II). 1 Ce texte est le compte-rendu d'un exposé oral qui ne répond donc pas aux standards d'une publication. La référence au corps européen de garde-frontières vise le règlement 2016/1624 et ne tient pas compte du règlement 2019/1896 qui l'a remplacé. 2 Professeur à l'Institut d'études européennes, Université libre de Bruxelles (ULB).