Les régimes de visibilité et d’invisibilisation, du cacher et du montrer, sont particulièrement significatifs en matière de mort animale. S’il est fréquent de considérer l’abattage comme une ellipse entre l’animal et la viande, des pratiques comme le sacrifice ou la chasse se présentent à l’inverse comme nécessitant de rendre la mise à mort visible et attestable. Au statut de morts « bonnes à voir » ou « à cacher » s’ajoute aujourd’hui la question du traitement médiatique de la mort des animaux, dont les images possèdent un impact puissant, à l’instar des vidéos des mouvements animalistes et des reportages télévisés. L’expérience de la mort animale affecte aussi la chercheuse ou le chercheur, amené lui-même à interroger son propre rapport au fait de voir et montrer la mort animale. Au croisement de réflexions issues de nos pratiques scientifiques et d’exemples tirés d’une production audiovisuelle, littéraire et artistique foisonnante sur ce thème, nous nous interrogeons sur les différents régimes d’image des morts animales, sur les rapports entre le visible et l’invisible, le montrable et le caché.