lors que les expériences participatives se multiplient depuis une quinzaine d'années en Europe, au point de constituer « le nouvel esprit de la démocratie » (Blondiaux 2008), un nombre non négligeable d'entre elles est issu de collectivités communistes, en dépit du déclin quantitatif de celles-ci. Les dispositifs participatifs initiés par des élus communistes sont largement surreprésentés dans le champ de la démocratie participative en Europe en général, et en France en particulier : parmi les douze expériences de budget participatif (BP) recensées dans l'Hexagone en 2005, huit ont été mises en place par des élus communistes, dont cinq en Île-de-France (Sintomer, Herzberg et Röcke 2008). Si les budgets participatifs restent minoritaires dans l'ensemble des collectivités gérées par le Parti communiste français (PCF), la démocratie participative semble s'inscrire dans différentes tentatives de rénovation du projet communiste, notamment dans les communes populaires de l'ancienne « banlieue rouge » de Paris 1. Cet article interroge la genèse de ce phénomène, en étudiant les facteurs qui ont incité les élus communistes à s'emparer de la thématique participative de façon si directe. Faut-il y voir une mutation idéologique et politique du parti, une évolution des formes de « contact communiste avec la population » (Biland 2006 : 54) ou le résultat d'initiatives individuelles ? On analysera ainsi le développement de la démocratie participative au prisme des transformations du communisme municipal. Face à la crise politique et idéologique majeure qui affecte le parti communiste depuis les années 1970, tant au niveau local que national, la démocratie participative serait apparue comme une alternative au déclin des corps intermédiaires-sections du parti, syndicat et associations-qui ont longtemps joué un rôle de courroie de transmission pour les élus et le parti, et