Vingt ans après l’adoption de la Politique d’intégration scolaire et d’éducation interculturelle (Ministère de l’Éducation, 1998), sa transposition dans les programmes de formation initiale en enseignement fait l’objet d’un bilan mitigé (Larochelle-Audet, Magnan, Potvin et D’Arrisso, 2018). Alors que des discours racistes se banalisent dans l’espace public (Potvin, 2008, 2016), les lacunes constatées dans la formation mettent en question les limites de ces orientations pluralistes. Cet article se penche en particulier sur les conceptions et les usages de la notion de diversité ethnoculturelle dans la formation en enseignement, et plus largement dans l’institution éducative québécoise. Il présente les résultats d’une analyse secondaire de données initialement collectées dans le cadre d’une recherche de maîtrise auprès de neuf professeures de trois universités francophones (Larochelle-Audet, 2014a). À partir d’outils conceptuels du féminisme matérialiste, des fragments permettant de voir les rapports sociaux de race sont assemblés de manière à révéler comment ces rapports sont à la fois dissimulés et réifiés par cette notion. Cet exercice de mise en visibilité s’intéresse successivement à la diversité ethnoculturelle comme contenu de formation, comme propriété de certains groupes de personnes et, enfin, comme voile s’inscrivant dans une logique d’effacement du racisme (Dhume, El Massioui et Sotto, 2016).