Acquisition de la valeur des temps du passé par les enfants francophones

Abstract

<jats:title>RÉSUMÉ</jats:title><jats:p>Une analyse d’un emploi particulier du plus-que-parfait chez certains enfants francophones ayant entre quatre et huit ans est proposée. Il est suggéré que chez certains enfants le plus-que-parfait prend la valeur d’un<jats:italic>parfait</jats:italic>du passé, valeur qui lui permet d’être utilisé comme temps de la narration dans le récit oral. Cette valeur particulière du plus-que-parfait est expliquée en référence à un modèle d’acquisition du système des temps du passé selon lequel il y a dissociation graduelle de trois moments temporels : le moment de l’énonciation, le moment de l’événement et un moment de référence.</jats:p>

First language acquisition of French grammar (from 10 months to 4 years old) Introduction

“…Later, children start producing several inflections for the same verb, including forms that are infrequent in the input. This is consistent with other studies on the acquisition of French tenses (see in particular Sabeau-Jouannet (1977), Labelle (1994) and Morgenstern et al ., 2009). The authors’ results and analyses then suggest that children might be able to refer to past, present, future, and distinguish completed/ongoing processes, from a very early age, but that the conventional link between verbal forms and their functions is shaped and developed through usage and interaction with their adult interlocutors.…”

The unfolding of the verbal temporal system in French children's speech between 18 and 36 months

“…New uses of the ‘passé composé’ and the introduction of the ‘imparfait’ and the inflectional future (Morgenstern et al ., 2009) mark a real dissociation between speech time and event time.Around age four or five, children can position anteriority and posteriority relative to reference time and not only speech time. However, according to Labelle (1994), the use of the ‘plus-que-parfait’ at around age four is not sufficient proof that children rely on reference time that would be displaced from speech time. These first productions of the ‘plus-que-parfait’ do not express a different reference time but are anchored as perfective in the event time.…”

Sémantique temporelle et accord du participe passé en français parlé: une analyse variationniste

“…Par ailleurs, ce n’est pas tant la valeur du participe qui est évaluée, qu’un effet de sens qui lui est attribué par le contexte (Gosselin, 1996): le participe dans les séquences [ avoir + PP] reste principalement verbal, à valeur d’accompli (Riegel et al, 2004; Creissels, 2000). Néanmoins, cette forme composée se distingue par une propension à supporter divers effets de sens, qui ont été décrits à de nombreuses reprises, notamment en raison des diverses implications théoriques et applications pratiques que cette ambiguïté sémantique suppose: description fonctionnelle de la forme polysémique (Benveniste, 1966; Gosselin, 1996; Wilmet, 1999; Barceló et Bres, 2006); analyse diachronique (Wilmet, 1992; Mellet, 2000); application à la traduction (Vet, 1992), à l'acquisition (Labelle, 1994), ou au traitement automatique des langues (Desclés et Guentcheva, 2003); définition théorique du contexte de résolution des ambiguïtés (Sthioul, 1998). De ces diverses analyses, on peut faire ressortir les deux grands effets de sens décrits ci-dessous.…”