dès les années 1930, de la peinture sous verre à Java. La base de données que j'ai constituée à partir d'enquêtes et par la compilation des rares travaux existants, le confirme pour l'époque de HvLB et les trois décennies qui suivent son travail. Sur un total, à ce jour, de 1 474 peintures produites à Java entre la fin du XIX e siècle et le mouvement de renouveau de la fin des années 1970, celles qu'on qualifiera par pure commodité de peintures « traditionnelles » 3 , 186 items soit 12,6 % de l'ensemble, représentent des mosquées javanaises. D'ailleurs, pour rapporter cet usage aux pratiques actuelles, on observera que, si les mosquées sous verre n'ornent plus les murs des intérieurs ou des commerces à Java, l'habitude d'y suspendre des calendriers portant des vues de mosquées -toutes sortes de mosquées -reproduit le même goût pour l'affichage de bâtiments cultuels.Ce genre tel qu'il est pratiqué sous verre, n'est pas spécifique au domaine indonésien ; il se retrouve également en Turquie, avec des vues de grandes mosquées stambouliotes (Selimiye, Sultanahmet ; cf. Aksoy 2005, pl. 151-155, 188, 190 et 191) et du bâtiment abritant la tombe de Mevlāna, le saint soufi Rūmī à Konya, où il s'en produit encore de nos jours (Id., pl. 189).J'exclus de cet ensemble les vues des Lieux Saints de l'islam, qui posent des problèmes de production très particuliers et méritent une étude à elles seules, ainsi que celles d'autres mosquées étrangères et extérieures à Java, au demeurant très peu nombreuses 4 . Je n'ai également pas pris en considération 3. Le terme « traditionnel » est mal adapté pour qualifier les peintures sous verre javanaises, car il s'agit d'objets de leur temps, parfaitement insérés dans une contemporéanité des Indes Néerlandaises, tant en matière de support que pour le choix des sujets et le mode de représentation de ces derniers, dont font partie les représentations de bâtiments cultuels. Si de nombreux sujets sont effectivement « traditionnels », c'est en termes de transmission qu'il faut l'entendre et il n'en reste pas moins que le qualificatif trahit un regard extérieur -orientaliste ou d'historiens de l'art occidentaux -ou postérieur -celui d'amateurs de la fin du XX e et du XXI e siècle. 4. HvLB note : « En outre, nous trouvons représentées les mosquées de Djeddah, de Singapour, du Caire, de Banjarmasin, de Yogyakarta et de Palembang » (1939, p. 60). Je n'ai jamais rencontré de représentations de la mosquée de Djeddah. Par ailleurs, il est possible que HvLB confonde la vague mosquée de Singapour qu'elle mentionne, avec le mausolée de Sayyid Nuh al-Habshy dont j'ai retrouvé des représentations sous verre à Java centre (voir Samuel 2014, p. 119-121 et n° 15). Cependant de telles vues ont dû exister, peut-être pour répondre à la demande d'anciens pèlerins dans le cas de Djeddah ou à destination du public d'origine hadhramie. Outre les Lieux Saints de l'islam (harām de la Mecque et de Médine, mosquée al-Aqsā à Jérusalem), ma base de données comprend une mosquée égyptienne de facture probablement récente (...